Le Journal de Montreal

Lucas ne comprend toujours pas

Le Québécois perdait son titre mondial il y a 17 ans

- PHILIPPE ASSELIN

Un peu plus de 17 ans après son revers controvers­é face à Markus Beyer, le boxeur québécois Éric Lucas a toujours l’impression de s’être fait voler en Allemagne.

« Depuis 2003, tout le monde me parle de ce combat et ça n’a jamais arrêté, a exprimé hier l’homme de 48 ans au bout du fil. Ça ne me fait pas mal d’y repenser, mais la déception est toujours présente. Je ne me fais pas de cachette, cela a changé le cours de ma carrière. »

Le 5 avril 2003, Lucas effectuait la quatrième défense de son titre des supermoyen­s du WBC à Leipzig, en Allemagne. Après les 12 rounds, Beyer a été sacré vainqueur par deux des trois juges. Ceuxci avaient remis des cartes de 116-113 en faveur du boxeur local, alors que l’autre juge avait favorisé Lucas avec un score de 115-114.

« Lorsque je me battais et que ça n’allait pas bien dans un combat, mon coin me le laissait savoir, s’est rappelé le Québécois, revenant sur ce duel qui sera présenté sur les ondes de TVA Sports, ce soir. En aucun cas dans l’affronteme­nt contre Beyer, nous n’avons senti que nous étions en arrière. Ce n’était pas mon combat le plus spectacula­ire. Je n’ai pas dominé à outrance, mais je faisais mon travail. J’étais le champion. Normalemen­t, c’est l’autre qui doit en faire un peu plus.

« Chaque fois que j’ai revu le combat, j’ai essayé de me juger le plus sévèrement possible. Chaque fois, c’est la même affaire, j’ai l’impression de gagner sept ou huit rounds. Jamais je ne me dis que j’aurais dû perdre la décision », a aussi dit Lucas.

PLUS JAMAIS LE MÊME

Cette décision, fortement critiquée au Québec, a eu un impact néfaste sur le reste de la carrière de Lucas.

« À partir de ce moment-là, ça n’a jamais été pareil, a-t-il affirmé. Nous avons essayé d’avoir un combat revanche que nous n’avons jamais eu. Dans la même année, je me suis battu blessé et je n’aurais pas dû monter dans le ring. […] C’était le début de la fin.»

Après s’être « fait voler » sa ceinture, le déclin du pugiliste a été accéléré.

« Ça faisait 13 ou 14 ans que j’étais un boxeur profession­nel. Je commençais à être fatigué. Il y a la défaite crève-coeur qui arrive. Mon moral n’était plus à la bonne place et je n’avais plus vraiment le goût de poursuivre. J’ai continué jusqu’en 2006, mais là, j’étais encore plus fatigué et tanné. »

Lucas a tout de même eu une autre chance en championna­t du monde (contre Mikkel Kessler en janvier 2006) et a même effectué un retour à la compétitio­n en 2009, mais ce ne fut jamais vraiment la même chose pour lui.

DE RETOUR

Après sa deuxième retraite en 2010, Lucas a pris ses distances avec la boxe. Cet éloignemen­t est cependant chose du passé, puisqu’il occupe maintenant les fonctions d’ambassadeu­r et de responsabl­e du développem­ent chez Eye of the Tiger Management (EOTTM).

Le natif de Montréal profite d’ailleurs de l’arrêt des activités dans le monde de la boxe, en raison du coronaviru­s, pour se mettre à jour.

« Je me suis replongé dans la boxe, a-t-il dit avec enthousias­me. Je regarde tous les combats des boxeurs qui font partie de notre écurie. J’écoute plus de boxe que jamais. »

Lucas a d’ailleurs donné une idée de l’état d’esprit qui règne chez EOTTM.

« Le mot d’ordre, c’est qu’il faut être prêt. Nos boxeurs doivent être prêts, car quand nous allons annoncer un gala, ils n’auront pas 10 ou 12 semaines de préparatio­n. Ce sera très court. »

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