Le Journal de Montreal

Devra-t-on se méfier de la Chine ?

Une série d’analyses de Loïc Tassé

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La Chine est longtemps demeurée à peu près inconnue en Occident.

Les premiers contacts politiques entre l’Europe et la Chine sont brutaux. Au

13e siècle, Louis XI, roi de France, a l’idée de conclure une alliance avec les Chinois pour attaquer les Arabes.

La réponse de l’empereur chinois, Mongka Khan, est sans équivoque : il sera généreux envers Louis XI si ce dernier devient son vassal, sinon, lui et son armée seront massacrés.

C’est à cette époque que remonte un sentiment de peur envers la Chine. Ce sentiment est accentué par les récits de voyage de Marco Polo, qui décrit un empire plus riche, plus avancé et plus puissant que tous ceux qui existent en Europe.

Aux 16e et 17e siècles naît un sentiment de curiosité et d’amour de la Chine. Des missionnai­res rapportent des descriptio­ns détaillées de ce pays. La Chine devient un exemple de la manière dont l’Europe devrait être gouvernée. L’écrivain Voltaire, entre autres, idéalise la Chine.

ENTRE CRAINTE ET ADMIRATION

Par la suite, la perception de la Chine en Occident évoluera toujours entre la crainte et l’admiration, entre l’amour et la haine, avec tantôt une domination d’un pôle, tantôt de l’autre, au gré des événements.

Par exemple, entre 1949 et 1972, la Chine était perçue comme un pays communiste allié à l’Union soviétique. Elle était donc un ennemi du monde libre et de l’Occident.

Mais en 1972, le président américain Richard Nixon ira en Chine rencontrer Mao Zedong. Il en résultera une alliance entre la Chine et les États-Unis contre l’Union soviétique.

Cela changera complèteme­nt la perception de la Chine en Occident, bien plus que le rétablisse­ment, quelques années plus tôt, des relations diplomatiq­ues entre la France et la Chine, puis entre le Canada et la Chine. La Chine est vue comme l’amie de l’Occident.

Les massacres autour des révoltes de la place Tian’anmen, en 1989, feront basculer la perception. Au point où pendant des années, le gouverneme­nt chinois craindra que la nation remplace l’Union soviétique comme principal ennemi des États-Unis.

C’est ce qui aurait pu facilement se produire si les événements du 11 septembre 2001 n’étaient pas survenus. Dès lors, les Américains ont eu besoin que la Chine soit de leur côté dans la guerre en Afghanista­n, puis dans les autres guerres au Moyen-Orient. Pendant ces années, un sentiment d’admiration envers la Chine renaît.

LA PÉRIODE TRUMP

L’arrivée de Donald Trump au pouvoir change à nouveau les perception­s. Trump dit tout haut ce que beaucoup chuchotent : depuis des décennies, le commerce avec la Chine est inéquitabl­e et il heurte les intérêts des vieilles puissances industriel­les.

La crise de la COVID-19 et la gestion secrète que le gouverneme­nt chinois en a faite accentuent un malaise général que plusieurs dirigeants mondiaux ressentaie­nt déjà.

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Deux employés vêtus de combinaiso­ns inspectaie­nt hier les masques fabriqués chez Naton Medical Group, à Pékin. La Chine produit maintenant 25 % de tous les produits manufactur­és au monde.
PHOTO AFP PHOTO AFP Des bénévoles pulvérisen­t du désinfecta­nt sur le terrain d’une école qui s’apprête à rouvrir, le 12 avril, à Weifang, dans l’est de la Chine. Deux employés vêtus de combinaiso­ns inspectaie­nt hier les masques fabriqués chez Naton Medical Group, à Pékin. La Chine produit maintenant 25 % de tous les produits manufactur­és au monde.

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