Survivre à la COVID-19... et aux mariages à l’eau
Un très long cauchemar en vue pour plusieurs sociétés
« NOTRE CHIFFRE D’AFFAIRES S’ÉLÈVE MAINTENANT À ZÉRO DOLLAR » – Cédric Fourny-Delloye
Dire que les temps sont durs pour les détaillants est devenu une triste banalité. Imaginez maintenant le malheur de celui qui, en plus d’être devenu détaillant, a choisi de tout miser sur l’univers du mariage.
Ce qui pourrait être une fiction d’horreur est pourtant la réalité du jeune propriétaire de Blandin & Delloye, une boutique pour hommes du Vieux-Montréal spécialisée dans la confection et la vente de complets sur mesure à l’intention des mariés.
« Je n’aime pas me l’admettre, mais c’est effectivement catastrophique, raconte Cédric Fourny-Delloye. En quelques semaines à peine, nos ventes pourtant bonnes en début d’année se sont littéralement effondrées. Notre chiffre d’affaires s’élève maintenant à zéro dollar. »
C’est la nouvelle normalité. Distanciation sociale oblige en ces temps de confinement, l’ensemble des cérémonies de mariage sur lesquelles il s’appuyait ont été annulées ou reportées, au mieux, à une date indéterminée.
Mais ce n’est pas tout. Car en plus d’avoir dû fermer ses portes en mars, ce dernier se voit quand même lié par un bail de plus de 3000 $/mois pour la location de l’espace de sa boutique.
« Je veux bien payer. Mais sans trafic ni revenu, comment y arriver ? » se demande-t-il.
UN RÉPIT QUI NE RÈGLE RIEN
Comme plusieurs dans cette situation, le tailleur et détaillant s’est vu octroyer un report de loyer jusqu’en mai. Un répit certainement bienvenu, mais qui « ne règle rien » à ses yeux.
« Si les détaillants n’obtiennent pas de congé de loyer, ce sera la crise après la COVID-19. Nous ne pouvons assumer seuls 100 % des pertes. »
La Fédération canadienne des entreprises indépendantes n’en pense pas moins. Elle suggère un partage des coûts entre propriétaires et locataires. Et malgré des réserves, le nouveau programme d’aide d’Ottawa est un pas dans la bonne direction, à son avis.
Cédric Delloye salue aussi la tentative, mais demeure inquiet. Car plus que quiconque, il se doute bien qu’en l’absence de mariages à l’été 2020, une reprise – même rapide – risque de s’avérer bien fragile.