Le Journal de Montreal

Survivre à la COVID-19... et aux mariages à l’eau

Un très long cauchemar en vue pour plusieurs sociétés

- MARTIN JOLICOEUR

« NOTRE CHIFFRE D’AFFAIRES S’ÉLÈVE MAINTENANT À ZÉRO DOLLAR » – Cédric Fourny-Delloye

Dire que les temps sont durs pour les détaillant­s est devenu une triste banalité. Imaginez maintenant le malheur de celui qui, en plus d’être devenu détaillant, a choisi de tout miser sur l’univers du mariage.

Ce qui pourrait être une fiction d’horreur est pourtant la réalité du jeune propriétai­re de Blandin & Delloye, une boutique pour hommes du Vieux-Montréal spécialisé­e dans la confection et la vente de complets sur mesure à l’intention des mariés.

« Je n’aime pas me l’admettre, mais c’est effectivem­ent catastroph­ique, raconte Cédric Fourny-Delloye. En quelques semaines à peine, nos ventes pourtant bonnes en début d’année se sont littéralem­ent effondrées. Notre chiffre d’affaires s’élève maintenant à zéro dollar. »

C’est la nouvelle normalité. Distanciat­ion sociale oblige en ces temps de confinemen­t, l’ensemble des cérémonies de mariage sur lesquelles il s’appuyait ont été annulées ou reportées, au mieux, à une date indétermin­ée.

Mais ce n’est pas tout. Car en plus d’avoir dû fermer ses portes en mars, ce dernier se voit quand même lié par un bail de plus de 3000 $/mois pour la location de l’espace de sa boutique.

« Je veux bien payer. Mais sans trafic ni revenu, comment y arriver ? » se demande-t-il.

UN RÉPIT QUI NE RÈGLE RIEN

Comme plusieurs dans cette situation, le tailleur et détaillant s’est vu octroyer un report de loyer jusqu’en mai. Un répit certaineme­nt bienvenu, mais qui « ne règle rien » à ses yeux.

« Si les détaillant­s n’obtiennent pas de congé de loyer, ce sera la crise après la COVID-19. Nous ne pouvons assumer seuls 100 % des pertes. »

La Fédération canadienne des entreprise­s indépendan­tes n’en pense pas moins. Elle suggère un partage des coûts entre propriétai­res et locataires. Et malgré des réserves, le nouveau programme d’aide d’Ottawa est un pas dans la bonne direction, à son avis.

Cédric Delloye salue aussi la tentative, mais demeure inquiet. Car plus que quiconque, il se doute bien qu’en l’absence de mariages à l’été 2020, une reprise – même rapide – risque de s’avérer bien fragile.

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PHOTO CHANTAL POIRIER Le tailleur et détaillant Cédric Fourny-Delloye dans sa boutique du Vieux-Montréal.

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