Le Journal de Montreal

Justin ne fait pas de cadeaux

- JOSEPH FACAL

« Hey, une chance qu’on a Ottawa, son armée, ses milliards ! »

Vous avez dû entendre cette niaiserie ces derniers jours.

Elle me rappelle une anecdote que Bernard Landry aimait raconter.

Pendant le référendum de 1980, M. Landry visite une résidence pour personnes âgées.

Une dame pèle une orange. Elle lui demande : « Aurons-nous encore des oranges après la séparation ? »

Bernard explique que les oranges ne viennent pas du Canada anglais. Le Québec les importe des pays chauds.

Nous avons les moyens d’en importer, dit-il, parce que nous gagnons de l’argent avec ce que nous fabriquons, dont une partie est exportée vers d’autres cieux.

Dubitative, la dame le regarde longuement et demande : « Et les bananes ? »

CADEAUX ?

Depuis 40 ans, j’entends des aînés dire que, si le Québec devenait souverain, ils perdraient la pension fédérale.

Ils ne comprennen­t pas qu’Ottawa ne nous fait pas de cadeaux. Rien n’est gratuit.

Ces jours-ci, Justin se déguise en père Noël et lance des centaines de milliards aux quatre vents.

Une partie de l’argent qu’Ottawa distribue, ce sont nos impôts et nos taxes.

L’autre partie est empruntée, et Ottawa nous refilera la facture de cet endettemen­t accru en haussant les impôts et en coupant ses services.

Ne me ressortez pas la péréquatio­n : cette année, chaque Québécois reçoit 1549 $ contre 1646 $ pour chaque Manitobain et 2613 $ pour chaque Néo-Brunswicko­is. C’est 2694 $ par tête pour l’Île-du-PrinceÉdou­ard.

Avant de rétropédal­er, Justin a jonglé avec l’idée d’assujettir nos CHSLD à la Loi canadienne sur la santé.

Ça semble vertueux… tant qu’on ne sait pas ce que c’est que cette loi.

Elle fixe les conditions auxquelles les provinces doivent se plier pour obtenir l’argent fédéral.

Mais la part du financemen­t fédéral de la santé est tombée de 50 %, à l’origine, à 23 % aujourd’hui, et Ottawa veut encore la réduire.

Les conditions, elles, demeurent.

Les seuls soins de santé qu’Ottawa gère concrèteme­nt

Ottawa ne nous fait pas de cadeaux. Rien n’est gratuit. Le pyromane se déguise maintenant en pompier.

sur le terrain, ce sont les hôpitaux pour anciens combattant­s, les détenus fédéraux et les réserves indiennes. Vous irez voir…

Prenez la fameuse Prestation canadienne d’urgence pour les étudiants.

Il est louable de vouloir aider, mais cette aide a été introduite sans la moindre consultati­on des employeurs et des gouverneme­nts provinciau­x.

Ceux-ci sont enragés car, dans bien des cas, elle rend plus rentable de rester à la maison.

Après avoir transformé nos frontières en passoires, le pyromane se déguise en pompier.

Je pourrais multiplier les exemples d’hier et d’aujourd’hui.

Depuis des lunes, Ottawa intervient unilatéral­ement, crée incohérenc­es et dédoubleme­nts, et, souvent, s’installe pour de bon.

ARROGANCE

Depuis Trudeau père, le réflexe est le même : les libéraux fédéraux savent ce qui est bon pour nous, comme le grand frère protecteur qui nous garde dans le droit chemin, le sien. Et certains disent merci ! Comme le notait un ami, il y a des assistés sociaux, mais il y a aussi des assistés mentaux.

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