Le Journal de Montreal

Surveillan­ce inquiétant­e

- EMMANUELLE LATRAVERSE

La perspectiv­e d’une levée, même graduelle, du confinemen­t nous fait déjà rêver. Après les beaux jours de l’été, imaginez à quel point nous allons appréhende­r la menace d’une deuxième vague et d’un nouveau confinemen­t à l’automne !

Il n’est pas surprenant que Québec étudie la possibilit­é de mettre en place un système de surveillan­ce de ses citoyens infectés.

Les coûts économique­s et humains de cet épisode ont été assez catastroph­iques, le gouverneme­nt Legault voudra tout faire pour éviter une récidive.

SURVEILLAN­CE GENTILLE ?

Comme le révélait Le Journal, hier, deux hypothèses sont à l’étude : faire appel à la géolocalis­ation ou au Bluetooth de nos appareils cellulaire­s. Nous serions ainsi alertés si l’une des personnes côtoyées dans les 14 derniers jours était infectée.

Le gouverneme­nt nous promettra qu’il ne s’agit que d’un outil pour mieux dépister les cas de COVID-19 et mieux nous protéger.

N’empêche, accepter un tel mécanisme sous prétexte de protéger la santé publique, c’est aussi ouvrir la porte à une surveillan­ce potentiell­ement plus invasive de l’État sur ses citoyens.

RISQUES DE DÉRIVE

L’expérience d’autres pays révèle déjà qu’un tel « retraçage » a déjà de quoi inquiéter.

Et pas besoin de s’inspirer de la Chine pour constater des dérives. Bien que les données recueillie­s soient anonymisée­s, en Corée du Sud, la peur du virus a donné lieu à des chasses aux sorcières.

Ailleurs, des citoyens ont voulu espionner leurs voisins pour voir s’ils étaient porteurs du virus.

Veut-on vraiment laisser la police traquer les citoyens en quarantain­e ? Un régime autoritair­e comme à Singapour devrait-il nous servir de modèle, comme le suggèrent pourtant les documents du ministère de la Santé ?

Jusqu’où serons-nous prêts à sacrifier notre vie privée pour éviter une deuxième vague ?

Le débat est délicat.

Malgré la crainte d’un autre confinemen­t, nous n’avons pas le luxe d’en faire l’économie.

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