Une ouverture un peu risquée
La décision de rouvrir l’école primaire prise par le gouvernement Legault lance un débat qui va momentanément nous distraire des annonces chiffrées de morts et de contaminés dus à la COVID-19.
Il faut à François Legault une énergie renouvelée pour convaincre les parents de laisser leur progéniture reprendre pour quelques semaines le chemin de l’école.
C’est pourquoi François Legault, adepte à l’évidence d’un retour progressif à la vie normale, préfère laisser les parents libres de décider d’y envoyer ou non leurs enfants.
Selon les avis des pédiatres, il est nécessaire de déconfiner les enfants. Ceux-ci sont perméables à l’anxiété ambiante.
Ils sont de plus condamnés à vivre sans leurs amis et leurs camarades de classe. Ils sont trop nombreux à subir les contrecoups des perturbations psychologiques des adultes qui les entourent et certains sont maltraités. D’autres ont besoin de l’école pour surmonter leurs difficultés d’apprentissage.
Mais avant tout, l’école est le lieu exclusif des enfants. La distanciation qu’ils pratiquent avec leurs parents est nécessaire et enrichissante.
LEUR MONDE À EUX
Depuis le début du confinement en mars, un grand nombre d’écoliers n’ont pas reçu d’enseignement formel à la maison et ont été laissés plutôt à eux-mêmes.
Or ce court retour en classe remettra les enfants dans leur monde à eux.
Les scientifiques ne s’entendant pas sur l’existence de l’immunité collective, comme l’a rappelé justement hier en point de presse le premier ministre Legault, le déconfinement est affaire de psychologie, de contraintes économiques et de prises de risques aux conséquences politiques graves.
S’il s’avérait que pendant cette période le nombre de personnes mortes et contaminées recommençait à grimper et que des enfants étaient infectés, par exemple, les autorités sanitaires et politiques auraient à répondre devant les citoyens. Depuis le début de la crise, le premier ministre Legault ressent ce poids sur ses épaules et en ce sens, peu de gens souhaiteraient être à sa place.
UN PRIX HUMAIN
L’ouverture des écoles primaires n’est pas étrangère au début de l’ouverture des entreprises et des commerces, qui permettra aux parents de retourner au travail.
Mais la reprise économique suppose un prix humain. L’ouverture, même optionnelle, des écoles primaires comporte sa part de risque.
Pour les enfants, mais aussi pour les enseignants et autres adultes qui les encadreront.
La vraie question est la suivante : compte tenu du fait que l’on ignore le temps qu’il faudra pour trouver un vaccin efficace pour contrer le virus, est-il envisageable que l’on demeure confiné durant des mois ? La réponse est non, bien sûr. L’histoire nous apprend que les êtres humains ont toujours été confrontés à des pandémies, parfois catastrophiques, comme la peste noire qui a frappé l’Europe occidentale au XIVe siècle, mais toujours ils ont su s’organiser et trouver les mesures sanitaires pour éradiquer la maladie.
La pandémie actuelle, avec les avancées de la science, ne fait pas exception. Nous allons y survivre.
Et nos enfants, les premiers.