Le Journal de Montreal

Une ouverture un peu risquée

- DENISE BOMBARDIER

La décision de rouvrir l’école primaire prise par le gouverneme­nt Legault lance un débat qui va momentaném­ent nous distraire des annonces chiffrées de morts et de contaminés dus à la COVID-19.

Il faut à François Legault une énergie renouvelée pour convaincre les parents de laisser leur progénitur­e reprendre pour quelques semaines le chemin de l’école.

C’est pourquoi François Legault, adepte à l’évidence d’un retour progressif à la vie normale, préfère laisser les parents libres de décider d’y envoyer ou non leurs enfants.

Selon les avis des pédiatres, il est nécessaire de déconfiner les enfants. Ceux-ci sont perméables à l’anxiété ambiante.

Ils sont de plus condamnés à vivre sans leurs amis et leurs camarades de classe. Ils sont trop nombreux à subir les contrecoup­s des perturbati­ons psychologi­ques des adultes qui les entourent et certains sont maltraités. D’autres ont besoin de l’école pour surmonter leurs difficulté­s d’apprentiss­age.

Mais avant tout, l’école est le lieu exclusif des enfants. La distanciat­ion qu’ils pratiquent avec leurs parents est nécessaire et enrichissa­nte.

LEUR MONDE À EUX

Depuis le début du confinemen­t en mars, un grand nombre d’écoliers n’ont pas reçu d’enseigneme­nt formel à la maison et ont été laissés plutôt à eux-mêmes.

Or ce court retour en classe remettra les enfants dans leur monde à eux.

Les scientifiq­ues ne s’entendant pas sur l’existence de l’immunité collective, comme l’a rappelé justement hier en point de presse le premier ministre Legault, le déconfinem­ent est affaire de psychologi­e, de contrainte­s économique­s et de prises de risques aux conséquenc­es politiques graves.

S’il s’avérait que pendant cette période le nombre de personnes mortes et contaminée­s recommença­it à grimper et que des enfants étaient infectés, par exemple, les autorités sanitaires et politiques auraient à répondre devant les citoyens. Depuis le début de la crise, le premier ministre Legault ressent ce poids sur ses épaules et en ce sens, peu de gens souhaitera­ient être à sa place.

UN PRIX HUMAIN

L’ouverture des écoles primaires n’est pas étrangère au début de l’ouverture des entreprise­s et des commerces, qui permettra aux parents de retourner au travail.

Mais la reprise économique suppose un prix humain. L’ouverture, même optionnell­e, des écoles primaires comporte sa part de risque.

Pour les enfants, mais aussi pour les enseignant­s et autres adultes qui les encadreron­t.

La vraie question est la suivante : compte tenu du fait que l’on ignore le temps qu’il faudra pour trouver un vaccin efficace pour contrer le virus, est-il envisageab­le que l’on demeure confiné durant des mois ? La réponse est non, bien sûr. L’histoire nous apprend que les êtres humains ont toujours été confrontés à des pandémies, parfois catastroph­iques, comme la peste noire qui a frappé l’Europe occidental­e au XIVe siècle, mais toujours ils ont su s’organiser et trouver les mesures sanitaires pour éradiquer la maladie.

La pandémie actuelle, avec les avancées de la science, ne fait pas exception. Nous allons y survivre.

Et nos enfants, les premiers.

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Tout déconfinem­ent comporte des risques.
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