Le Journal de Montreal

Peut-on vraiment retourner au travail en sécurité ?

- SARAH DAOUST-BRAUN ET JEAN-FRANÇOIS GIBEAULT Bureau d’enquête

Le gouverneme­nt de François Legault doit annoncer aujourd’hui un plan de réouvertur­e progressiv­e de certains lieux publics et entreprise­s. Mais pourrat-on vraiment retourner de façon sécuritair­e au bureau ? Deux études publiées par les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies des États-Unis montrent à quel point le coronaviru­s peut se répandre comme une traînée de poudre dans des espaces intérieurs comme un immeuble de bureaux et un restaurant. D’où l’importance de repenser la cohabitati­on dans les lieux publics.

CAS 1 : dans un lieu de travail

Près d’un employé sur deux travaillan­t sur le même étage dans un centre d’appels à Séoul en Corée du Sud a été contaminé par le coronaviru­s.

Une éclosion a eu lieu au début du mois de mars dans un immeuble commercial et résidentie­l. Après avoir fait passer un test à l’ensemble des travailleu­rs et résidents du bâtiment, les autorités ont constaté que presque toutes les personnes infectées (94 sur 97) travaillai­ent au 11e étage, qui abrite un centre d’appels.

Cela correspond à 43,5 % des 216 personnes qui se trouvaient sur

cet étage. Les sièges identifiés en bleu sur le schéma représente­nt des personnes contaminée­s.

Selon les auteurs de l’étude, cette éclosion montre « de façon alarmante » à quel point le coronaviru­s peut être contagieux dans des bureaux bondés. « L’ampleur de cette éclosion illustre comment un environnem­ent de travail à forte densité peut devenir un site à haut risque pour la propagatio­n de la COVID-19, et potentiell­ement une source de transmissi­on supplément­aire », ajoutent-ils. Comme la plupart des cas ont été recensés sur le même étage, les chercheurs estiment que c’est la durée des interactio­ns ou des contacts entre personnes qui a probableme­nt contribué à répandre le virus. La recherche et le dépistage de tous les gens qui ont été en contact, tout comme la « mise en quarantain­e précoce » pourraient être de bonnes stratégies pour faire face aux éclosions dans les espaces de travail peuplés.

CAS 2 : dans un restaurant

Une femme atteinte de la COVID-19 aurait contaminé plusieurs personnes à proximité d’elle dans un restaurant en Chine, entre autres, à cause du système de climatisat­ion.

Une famille (famille A) en partance de Wuhan arrive le 23 janvier à Guangzhou. Quelques membres de la famille A vont manger au restaurant le 24 janvier. Deux autres familles (B et C) se trouvent alors à proximité. La patiente zéro (A1), une femme dans la soixantain­e, ne sait pas qu’elle est atteinte de la COVID-19.

Les familles A, B et C se trouvent dans la même salle à manger d’un restaurant qui n’a pas de fenêtre. On y retrouve un système d’air conditionn­é qui crée une circulatio­n d’air au-dessus des tables.

Ce dispositif a fort probableme­nt contribué à la transmissi­on des gouttelett­es entre les membres des trois familles présentes cette journée-là, selon les auteurs de l’étude. Plutôt que de retomber au sol, les gouttelett­es contaminée­s ont été transporté­es par le flux d’air.

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