Des ados en difficulté « abandonnés »
Des parents dénoncent l’absence de considération pour les besoins des élèves du secondaire
Des parents en colère affirment que les élèves en difficulté au secondaire sont les « grands oubliés » du plan de retour en classe présenté hier par le gouvernement Legault.
« J’ai la migraine à force de pleurer de rage », lance Nancy Ringuet, mère de deux adolescents qui ont des besoins particuliers.
L’annonce de la fermeture des écoles secondaires jusqu’en septembre a été pour elle « comme un coup de 2 X 4 au visage ».
« J’ai l’impression que les besoins des élèves en difficulté au secondaire sont tassés, oubliés. Comme s’ils n’existaient pas », dit-elle.
Même son aîné de 16 ans, qui a un déficit de l’attention avec un trouble anxieux généralisé, a laissé échapper un juron hier après-midi en apprenant qu’il ne retournerait pas en classe, raconte sa mère.
« Il est dans une formation à un métier semi-spécialisé, il voulait finir ce qu’il avait commencé. Ça ne se fait pas à distance », explique-t-elle.
Son plus jeune garçon de 12 ans a un syndrome de
Gilles de la Tourette, avec des troubles d’attention, d’impulsivité, obsessionnels-compulsifs et anxieux, notamment.
Impossible de lui faire faire des travaux scolaires à la maison, raconte sa mère : « Depuis qu’il est à la maison, je suis arrivée à lui faire faire deux feuilles de mathématique en m’arrachant les cheveux. Les écrans sont devenus une obsession. »
Mme Ringuet est loin d’être la seule à avoir l’impression de s’être fait larguer par le gouvernement Legault, affirme Bianca Nugent, présidente de la Coalition des parents d’enfants à besoins particuliers du Québec.
Mme Nugent a bondi en entendant le premier ministre François Legault affirmer que le retour en classe doit se faire « pour le bien des enfants ».
« La santé mentale, ça s’arrête à 12 ans ? Les besoins particuliers disparaissent comme par magie après la sixième année ? » ironise-t-elle.
MIS DE CÔTÉ
Plusieurs parents ont l’impression que leurs adolescents sont encore une fois mis de côté, sur la voie d’évitement, ajoute-t-elle : « C’est une grande déception, mais en même temps, on n’est pas surpris. »
Le gouvernement Legault a indiqué que le suivi pédagogique sera bonifié pour les élèves du secondaire, mais les besoins particuliers des adolescents en difficulté n’ont jamais été évoqués. Le premier ministre Legault a souligné qu’il était plus facile pour les élèves du secondaire de suivre des cours à distance.
L’Association des pédiatres, qui estime que la fermeture des écoles secondaires jusqu’à l’automne est une « sage » décision sur le plan de la santé publique, demeure tout de même préoccupée.
« Nous continuons à être inquiets pour nos adolescents. Il faut que le suivi virtuel qui se mettra en place soit intensifié et qu’il ne soit pas seulement axé sur l’académique », affirme la pédiatre Marie-Claude Roy.