Histoires de négos pour adultes
Yvon Michel et Stéphan Larouche s’entendre avec Camille Estephan ? Oubliez ça. On va être rendu à la COVID-39 quand ça va arriver.
Mais les histoires de la négociation avortée pour un combat entre Sadriddin Akhmedov et Mikaël Zewski sont passionnantes et permettent au lecteur de mieux comprendre comment ça se passe dans le monde des adultes de la boxe.
Juste négocier des paramètres pour un combat de boxe disputé à huis clos, c’est déjà hyper compliqué. Quand s’y mêlent haine et ego gonflés, ça devient un micmac impossible.
Pire, juste informer les gens après coup des négociations devient du propane qu’on jette sur les braises après l’avortement des pourparlers.
STÉPHANE LOYER EN MISSION
Tout a commencé par un premier mandat. Camille Estephan a appelé Stéphane Loyer, le matchmaker d’Eye of the Tiger Management. Stéphane Loyer est un professionnel aguerri. Un homme cultivé et d’une parole qui a valeur de 100 contrats. Il a été
matchmaker pour InterBox et pour GYM pendant des années. Tout le milieu de la boxe au Canada connaît sa réputation et sa façon de travailler.
– Je veux organiser un gala à huis clos s’il le faut, en juillet si c’est possible. Veux-tu voir quels sont les boxeurs canadiens que tu peux trouver ? a demandé Estephan.
– Est-ce que je tiens compte de la politique ? a répondu Loyer.
Autrement dit, devait-il tenir compte de la compétition devenue conflit avec Yvon Michel, Éric Bélanger et Stéphan Larouche, qui gère la carrière de Francis Lafrenière ?
Loyer a reçu le feu vert pour discuter avec Bélanger, Michel et Larouche pour ne pas empirer la situation entre les deux promoteurs.
« J’ai appelé les différents promoteurs avec qui nous faisons affaire. Tyler Buxton à Mississauga. Et Éric Bélanger. Tout s’est bien passé. J’ai moins insisté avec Melanie Lubovac à Edmonton, car son père vient de subir un AVC et elle s’en occupe beaucoup personnellement. J’ai pu arriver à des ententes pour plusieurs boxeurs si on peut aller de l’avant en juillet. Mais j’ai vite essuyé des refus pour un adversaire pour affronter Sadriddin Akhmedov. C’est très compliqué de trouver des adversaires pour Sadriddin. C’est un animal dangereux dans un ring et il est en pleine ascension, personne ne veut l’affronter », d’expliquer Stéphane Loyer.
L’OFFRE À ZEWSKI
C’est alors que Loyer s’est tourné vers Stéphan Larouche et Yvon
Michel. Il a commencé par appeler Larouche pour lui offrir un combat entre Francis Lafrenière et Sadriddin Akhmedov à 160 livres. La réponse est revenue quelques minutes plus tard : « Pas d’intérêt pour un combat contre Akhmedov, et Lafrenière serait en attente pour des offres intéressantes. »
« J’ai alors contacté Yvon Michel. Il m’a dit de soumettre une offre par écrit. J’ai commencé par une offre à 20 000 $ et un combat à 154 livres pour Mikaël Zewski. Yvon connaît la façon de négocier, il savait que j’avais encore une marge de manoeuvre. C’est comme ça que ça fonctionne dans la boxe. On dépose une offre pour ouvrir les négos et on tente d’arriver à une entente. On règle l’argent et on s’entend sur le poids. Mais là, à ma surprise, il n’y a pas eu de contre-proposition. Juste un courriel qui disait que l’offre était inacceptable. Point final », de raconter Loyer.
MAUVAISE BUSINESS
Samedi matin, Yvon Michel a appelé deux fois. Il était dans tous ses états. Il craignait de mal paraître dans cette négo.
« C’est simple, l’offre était inacceptable parce que ç’aurait été de la mauvaise business d’envoyer Zewski contre Akhmedov. Zewski vaut plus que 20 000 $. Et il aurait fallu beaucoup plus d’argent pour justifier un combat contre Akhmedov. Et ce serait resté de la mauvaise business », de dire en résumé Michel.
On ne saura jamais jusqu’où Stéphane Loyer aurait pu bonifier son offre originale puisqu’il n’y a pas eu de retour d’appel. Mais on sait que Zewski s’est battu pour 30 000 $ au Centre Videotron contre Alejandro Davila à son dernier combat.
On sait également que Zewski est classé dans trois des quatre grandes fédérations de boxe. Derrière Custio Clayton.
Que Zewski refuse d’affronter une jeune terreur comme Akhmedov dans une catégorie de poids supérieure est compréhensible et n’a rien de gênant.
Pas besoin que ses cousins trop émotifs se pompent les baskets.
Les négos entre adultes, ça joue dur. Et ce sont parfois les boxeurs qui écopent.
100 000 $ POUR SIMON KEAN
Dernière histoire de négos : « Je pourrais offrir 100 000 $ à Simon Kean pour affronter Oscar Rivas. Camille Estephan va dire non et il va mal paraître. Je ne le fais pas parce que je sais que ce n’est pas possible, Rivas et Kean s’entraînent avec l’équipe de Marc Ramsay », de raconter Yvon Michel.
« Je pourrais offrir 125 000 $ pour Oscar Rivas contre Arslanbek Makhmudov, mais c’est vrai, c’est impossible. Les trois sont au gymnase de Marc Ramsay et font souvent du sparring ensemble », répond Camille Estephan.
Alors Melanie, à Edmonton… il se passe quoi avec Adam Braidwood ?