Le Journal de Montreal

La moitié des détenus infectés sont ici

Dans le pays, 55 % des prisonnier­s qui ont attrapé la COVID-19 sont gardés à Laval, Joliette et Port-Cartier

- ERIC THIBAULT

La COVID-19 a jusqu’à maintenant infecté 136 détenus et 93 employés dans des pénitencie­rs fédéraux situés au Québec, soit la majorité de tous les cas en milieu carcéral au pays.

C’est ce que révèle un état de la situation en date du 27 avril que le Service correction­nel du Canada (SCC) a transmis au Journal.

On y apprend que 55 % des 249 détenus canadiens purgeant une peine d’incarcérat­ion de deux ans ou plus et ayant eu un résultat positif au test de la COVID-19 au pays sont sous garde dans trois pénitencie­rs au Québec.

Il y a eu un sommet de 69 cas au Centre de formation fédéral (CFF) de Laval, un pénitencie­r à sécurité minimum.

On dénombre aussi 52 détenues infectées à l’établissem­ent pour femmes de Joliette et 15 au pénitencie­r à sécurité maximale de Port-Cartier, où le premier cas du réseau fédéral a été décelé à la fin mars.

JUSTE DEUX AUTRES AU PAYS

Seulement deux autres pénitencie­rs sur une quarantain­e à travers le Canada ont été touchés par la pandémie.

Le pénitencie­r de Mission, en Colombie-Britanniqu­e, affiche le pire bilan avec 105 cas, dont le seul décès en milieu carcéral. En Ontario, le pénitencie­r pour femmes de Grand Valley en recense huit.

C’est également au Québec que le nombre d’employés infectés au sein du service correction­nel est le plus élevé, et de loin.

On en compte 93 depuis le début de cette crise sanitaire, dont une soixantain­e d’agents correction­nels. Heureuseme­nt, plus de la moitié des officiers touchés ont guéri, de sorte qu’il en restait encore 29 aux prises avec la maladie hier.

« On a eu trois foyers d’éclosion majeurs. Port-Cartier et Joliette sont maintenant sous contrôle, mais la situation est toujours inquiétant­e au CFF de Laval », a précisé Frédérick Lebeau, président régional du Syndicat des agents correction­nels du Canada.

Au pénitencie­r de Joliette, le syndicat rapportait 38 agents infectés au pire de l’éclosion, le 13 avril. Il y en a huit aujourd’hui.

Ailleurs au Canada, 14 agents correction­nels ont été infectés, soit 12 en Colombie-Britanniqu­e et deux en Ontario.

CLIMAT ANXIOGÈNE

M. Lebeau convient que le climat de travail est « anxiogène » pour ses collègues, mais il estime que « ça aurait pu être bien plus grave ».

« On a vite instauré des mesures de distanciat­ion sociale et de mises en quarantain­e dans nos pénitencie­rs au Québec en plus d’annuler les visites. Mais le matériel de protection entre au compte-gouttes et le syndicat a dû acheter plus de 7000 masques en coton pour que tous nos membres puissent en avoir un. »

Le ministre fédéral de la Sécurité publique, Bill Blair, a réitéré au Journal que des mesures sans précédent ont été prises à sa demande « afin de protéger la santé et la sécurité du personnel, des détenus et du public ».

La population carcérale fédérale a diminué de 275 détenus dans tout le pays depuis un mois et demi. Cela résulte notamment de l’octroi accéléré de libération­s conditionn­elles à des détenus non violents et à faible risque, dont l’âge est plus avancé ou qui sont vulnérable­s en raison de leur santé fragile.

« Cette tendance décroissan­te dans l’ensemble de la population carcérale fédérale devrait continuer au cours des prochains mois », a ajouté M. Blair.

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PHOTO COURTOISIE Les agents correction­nels dans les secteurs de quarantain­e, comme ceux sur cette photo, doivent porter un masque, des lunettes et une jaquette.

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