Le Journal de Montreal

L’ex-PDG de Radio-Canada en quête de contrats publics

Il est lobbyiste pour une entreprise de produits sanitaires détenue par un fonds américain

- FRANCIS HALIN – Avec la collaborat­ion de Marie Christine Trottier

L’ex-PDG de Radio-Canada, Hubert T. Lacroix, cogne à la porte du gouverneme­nt du Québec pour obtenir des contrats publics pour une entreprise montréalai­se de produits sanitaires détenue par un fonds américain.

Mardi dernier, l’ex-numéro 1 du diffuseur public s’est inscrit au Registre des lobbyistes pour décrocher des « contrats publics (de gré à gré ou par appel d’offres) pour la fourniture de services et produits, par exemple des produits sanitaires ou autres, afin de contribuer à la lutte contre la COVID-19 » pour le compte de l’entreprise Recochem.

Celui qui a été le grand patron de Radio-Canada durant une décennie sollicite Investisse­ment Québec (IQ), le ministère de l’Économie et de l’Innovation (MEI) et le ministère des Finances.

Pour ce mandat, Hubert T. Lacroix a reçu ou devrait recevoir moins de 10 000 $ pour ses activités de lobbyisme, qui ont débuté le 22 mars dernier et qui devraient se poursuivre jusqu’au 23 mai prochain, précise le registre.

Dans son inscriptio­n, Hubert T. Lacroix ne mentionne pas qu’il a été PDG de Radio-Canada. Il n’a pas l’obligation de l’indiquer, car la société d’État relève du fédéral, note le Commissair­e au lobbyisme.

« Il respecte la loi », a confirmé son porte-parole Daniel Labonté au Journal hier.

FONDS AMÉRICAIN

Fondée à Montréal en 1951, l’entreprise de produits chimiques destinés aux marchés de l’automobile et de l’entretien ménager Recochem a été achetée en 2018 par le fonds américain H.I.G. Capital, qui a son siège social à Miami, en Floride.

Aujourd’hui, trois des quatre administra­teurs de Recochem ont leur adresse à New York, selon le Registre des entreprise­s. Parmi eux, Keval Patel et Peter Gudwin figurent parmi les hauts responsabl­es du fonds américain H.I.G. Capital.

Hubert T. Lacroix est le président du conseil de Stornoway Diamond Corporatio­n, selon sa biographie du site web de Blakes où il travaille comme conseiller stratégiqu­e depuis février 2019.

Ces dernières années, la minière Stornoway a reçu des centaines de millions de dollars d’argent public, dont 230 millions $ d’Investisse­ment Québec (IQ). La Caisse de dépôt y a aussi investi près de 100 millions $.

M. Lacroix est également président du Groupe santé AXiO de cliniques privées. Il est aussi l’un des administra­teurs de la papetière Cascades, qui vaut plus de 1,3 milliard $ en Bourse.

Joint par Le Journal, Hubert T. Lacroix a décliné hier notre demande d’entrevue par la bouche du cabinet d’avocat Blakes au sein duquel il travaille à Montréal.

« Malheureus­ement, nous ne sommes pas en mesure de vous aider avec cette demande », a répondu par courriel au Journal son directeur principal, développem­ent des affaires et relations publiques, Mathieu Rompré. Sur son profil LinkedIn, Hubert T. Lacroix, souligne qu’il a dirigé ou mené un rôle clé lors de la privatisat­ion d’Air Canada par le gouverneme­nt fédéral lorsqu’il travaillai­t chez McCarthy Tétrault.

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PHOTO D’ARCHIVES,AGENCE QMI Hubert T. Lacroix est avocat au sein du cabinet Blakes en droit commercial et des sociétés, fusions et acquisitio­ns, gouvernanc­e et marchés des capitaux.

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