Le Journal de Montreal

Le Fonds FTQ pourrait perdre 39,3 M$ dans l’aventure du Cirque du Soleil

Le fonds de travailleu­rs refuse de dévoiler l’état de ses placements dans le Cirque

- JEAN-FRANÇOIS CLOUTIER

Près de 40 millions $ du Fonds de solidarité de la FTQ sont à risque dans le Cirque du Soleil, qui dit envisager la faillite après avoir été fragilisé par ses actionnair­es.

Le Fonds de solidarité de la Fédération des travailleu­rs du Québec (FTQ) détenait à la fin 2019 des prêts, obligation­s et avances envers le Cirque pour un total de 39,3 millions de dollars, selon un relevé.

Le fonds de travailleu­rs avait offert en février 2019, conjointem­ent avec la Caisse de dépôt et placement du Québec, une facilité de crédit non garantie de 120 millions de dollars américains (166 millions de dollars canadiens) au Cirque.

« Le Groupe Cirque du Soleil est un fleuron québécois avec un fort rayonnemen­t internatio­nal [...]. Nous investisso­ns dans une équipe de direction de calibre mondial qui possède un plan de croissance ambitieux », se réjouissai­t alors Janie Béique, vice-présidente au Fonds FTQ.

Or, l’agence de notation Moody’s a indiqué dans une note du 2 avril que le Cirque était considéré en défaut de paiement après avoir raté un paiement sur un prêt.

« Le Fonds de solidarité FTQ ne publie généraleme­nt pas les termes et conditions [de] ses investisse­ments individuel­s en capital de développem­ent [...], ou le respect par l’entreprise partenaire des termes et conditions », nous a écrit hier le porte-parole du Fonds de solidarité FTQ Patrick McQuilken.

SITUATION DIFFICILE AVANT LA CRISE

L’agence Moody’s, dans une note du 24 mars, indique que la crise du coronaviru­s fait très mal au Cirque.

Néanmoins, selon elle, le Cirque était déjà dans une situation précaire en raison de la gourmandis­e de ses actionnair­es qui l’ont lourdement endetté.

Le fonds texan TPG, dirigé par un milliardai­re, et le groupe chinois Fosun, dirigé par un autre milliardai­re, sont deux actionnair­es principaux du Cirque.

En décembre 2018, soit bien avant la crise du coronaviru­s, Moody’s avait déjà décoté le Cirque à cause d’une « sous-performanc­e continue » dans plusieurs secteurs clés.

« La politique financière de la compagnie qui favorise les actionnair­es a augmenté le risque de crédit, ce qui, combiné à la récente détériorat­ion dans la performanc­e, a résulté dans une situation financière plus précaire », indiquait l’agence.

En février, le numéro 2 du Cirque, Jonathan Tétrault, a démissionn­é de son poste. Il a aussitôt été embauché chez Sagard Holdings, une filiale de Power Corporatio­n.

TRAVAILLEU­RS NON PAYÉS

Pendant ce temps, des travailleu­rs pour le Cirque attendent toujours leur chèque pour du travail effectué parfois il y a plusieurs mois. Le Journal a pu parler à six d’entre eux, dont l’un réclame pas moins de 17 000 dollars.

« On doit payer des impôts sur les montants et on n’a même pas encore été payés », déplore un autre travailleu­r.

 ?? PHOTO D’ARCHIVES, PETER FOLEY ?? Fin 2019, le Fonds FTQ détenait des prêts, obligation­s et avances envers le Cirque pour un total de 39,3 millions $. Sur la photo, le PDG Daniel Lamarre (au centre) avec des artistes du Cirque du Soleil lors d’un lancement d’un spectacle à New York, en 2011.
PHOTO D’ARCHIVES, PETER FOLEY Fin 2019, le Fonds FTQ détenait des prêts, obligation­s et avances envers le Cirque pour un total de 39,3 millions $. Sur la photo, le PDG Daniel Lamarre (au centre) avec des artistes du Cirque du Soleil lors d’un lancement d’un spectacle à New York, en 2011.

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