Les acrobaties du Cirque devant les ministres fédéraux
L’entreprise a sollicité six fois des membres du gouvernement Trudeau depuis un mois
Il n’y a pas que le gouvernement du Québec qui se fait demander de l’argent par le Cirque du Soleil. Des lobbyistes de l’entreprise ont contacté pas moins de trois ministres fédéraux en vue d’obtenir une aide d’urgence en mars.
La ministre du Développement économique Mélanie Joly, le ministre du Patrimoine canadien Steven Guilbeault et le ministre des Affaires étrangères François-Philippe Champage ont tous été approchés par le Cirque depuis environ un mois.
Les lobbyistes du Cirque, dont fait partie le grand patron Daniel Lamarre, cherchent à obtenir depuis la mi-mars auprès des élus fédéraux « une aide financière, dont la valeur est encore indéterminée ».
C’est ce que révèle un rapport de communication rendu public cette semaine.
L’aide pourrait être « sous forme de subvention ou de prêt », selon les renseignements fournis au registre des lobbyistes fédéral.
Le but : « permettre au Groupe Cirque du Soleil de rencontrer ses obligations financières et d’assurer la pérennité de ses activités, suite à la suspension de la présentation de tous ses spectacles à l’échelle mondiale en raison de la pandémie de la COVID-19 ».
APRÈS LES MISES À PIED
La ministre du Développement économique Mélanie Joly a été contactée à trois reprises, les 17, 18 et 19 mars. Le Cirque du Soleil a mis à pied, le 17 mars, 95 % de son personnel, soit 2600 employés.
Une semaine plus tard, le 27 mars, Le Journal citait une source selon laquelle le Cirque du Soleil envisageait de se mettre en faillite, parmi d’autres scénarios pour pallier une chute de revenus.
Le 27 mars, après cette annonce fracassante, le ministre du Patrimoine Steven Guilbeault était à son tour contacté par le Cirque.
Le 29 mars, la ministre Joly et son collègue François-Philippe Champagne, ministre des Affaires étrangères, étaient en communication avec les lobbyistes du Cirque.
Même si la crise a fait très mal au Cirque, l’agence de notation Moody’s a indiqué dans un rapport que le Cirque se trouvait déjà dans une position précaire en raison d’un endettement élevé. L’agence critiquait en 2018 une politique favorisant les actionnaires et une sous-performance continue.
LE PRÉSIDENT DU CA MUET
Soulignons que le président du conseil d’administration du Cirque du Soleil, Mitch Garber, dirige lui-même l’organisme fédéral Investir au Canada. Dans un courriel la semaine dernière, l’ancien dragon nous a toutefois assuré ne pas être intervenu en faveur du Cirque du Soleil auprès du gouvernement Trudeau.
« Je n’ai fait aucune activité de lobbyiste ni aucune demande », nous a-t-il écrit.
Il n’a pas voulu commenter la situation financière du Cirque ni le fait que des travailleurs n’auraient pas été payés pour leur travail.
« Je n’ai pas d’autre commentaire… c’est plutôt Daniel Lamarre », nous a-t-il écrit.