Le Journal de Montreal

Qui a peur de Big Brother ? La réponse à cette question dépend en grande partie de votre âge. Mais en gros, ce sont les plus jeunes.

- GUILLAUME ST-PIERRE guillaume.st-pierre2 @quebecorme­dia.com

Mais d’abord, revenons un peu en arrière.

Québec et Ottawa songent sérieuseme­nt à adopter des outils de surveillan­ce de masse des citoyens pour lutter contre la COVID-19.

Ces outils prennent la forme d’applicatio­ns de géolocalis­ation téléchargé­es dans votre téléphone cellulaire.

Elles permettrai­ent de surveiller le respect des normes de distanciat­ion sociale et de quarantain­e. L’objectif ultime est de briser les chaînes de contaminat­ion afin d’éviter un confinemen­t général.

Tentant, non ? Pas si simple.

POLARISANT

Un sondage Léger qui est passé sous le radar cette semaine révèle que l’enjeu polarise les Canadiens.

Quelque 48 % des répondants rejettent l’idée que les gouverneme­nts utilisent leurs données personnell­es, alors que 45 % l’approuvent.

À première vue, les autorités semblent bien parties pour réaliser leur projet de surveillan­ce de masse, si tel est leur souhait. Ce n’est pas tout à fait le cas.

Pour être efficaces, les outils de surveillan­ce doivent obtenir l’appui d’environ les deux tiers de la population.

La pente s’annonce abrupte.

CHOC DES GÉNÉRATION­S

Surtout que – nous revoilà au début – les jeunes sont très nombreux à s’en méfier.

« Normalemen­t, les jeunes sont plus ouverts aux technologi­es que les plus âgés, mais là, on voit l’inverse », affirme le patron de la maison de sondage, JeanMarc Léger.

Ainsi, les 18-34 ans approuvent l’idée à seulement 38 %, alors que les 55 ans et plus sont beaucoup plus enclins (54 %) à embrasser Big Brother.

La raison est simple, les plus jeunes se sentent tout simplement moins concernés par la maladie, selon M. Léger.

« Les jeunes sont habitués à offrir leurs données personnell­es, mais normalemen­t ils obtiennent quelque chose en retour », explique le sondeur.

Nos gouverneme­nts pourraient régler le débat en rendant obligatoir­e le télécharge­ment des applicatio­ns de surveillan­ce. Il ne semble toutefois pas que cela soit envisagé, en tout cas à Ottawa, où Justin Trudeau a parlé cette semaine d’un choix « volontaire » offert aux citoyens.

Encore faut-il que les gens aient confiance que leurs données seront utilisées à bon escient.

À ce chapitre, les gouverneme­nts et les multinatio­nales du numérique ont tout fait dans les dernières années pour installer un climat de méfiance à leur endroit, à force de malmener nos données personnell­es.

Les plus jeunes se sentent tout simplement moins concernés par la maladie.

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Justin Trudeau n’a pas fermé la porte à l’utilisatio­n de données cellulaire­s dans la lutte à la COVID-19.
Le premier ministre Justin Trudeau n’a pas fermé la porte à l’utilisatio­n de données cellulaire­s dans la lutte à la COVID-19.
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