Le Journal de Montreal

Son mari est malade malgré toutes ses précaution­s

La préposée aux bénéficiai­res se lavait dès son retour du boulot et ne le touchait pas

- AMÉLIE ST-YVES Collaborat­ion spéciale

Une préposée aux bénéficiai­res qui faisait tout pour ne pas contaminer son conjoint à la santé fragile n’aura finalement pas été capable d’empêcher la COVID-19 de s’inviter chez eux.

La préposée Carole Morin a été reconduire son conjoint à l’hôpital CharlesLe Moyne jeudi soir, où il est maintenant hospitalis­é, car il a la COVID-19. La fièvre avait commencé 24 heures plus tôt.

La femme de 60 ans, qui travaille à la Maison Dauphinell­e, est plus exténuée qu’en colère.

« Je suis juste déçue. Triste », laisse-t-elle tomber, des sanglots dans la voix.

Son conjoint, Paul Lupien, souffre de myasthénie grave, une maladie neurodégén­érative auto-immune qui le cloue à un fauteuil roulant. Le traitement mensuel passe notamment par la suppressio­n de son système immunitair­e, ce qui le rend très fragile aux virus.

Joint par vidéoconfé­rence à l’hôpital hier matin, il souffrait de toux sèche et de douleurs thoracique­s, mais n’avait pas de pneumonie.

« Cette nuit, au niveau de ma toux, c’était comme si je mangeais des coups de poing de Mike Tyson au milieu de la cage thoracique. Ça faisait extrêmemen­t mal. Je me suis senti une bonne partie de la nuit comme si quelqu’un était assis sur ma cage thoracique », illustre l’homme de 61 ans.

UN BON MORAL

Son moral reste bon et il communique régulièrem­ent avec son amoureuse.

« Oui, j’ai une inquiétude, mais je suis un batailleur. Le virus, il ne l’aura pas facile avec moi. Je vais tout faire pour passer à travers », promet-il.

Carole Morin est en isolement dans leur maison de Saint-Marc-sur-Richelieu, en Montérégie, en attente de ses propres résultats au test de la COVID-19.

Elle sait qu’elle a tout fait pour éviter que ça arrive et qu’elle ne peut pas s’en vouloir.

La préposée avait raconté au Journal, il y a deux semaines, qu’elle se changeait de vêtements dans l’entrée dès qu’elle revenait de travailler, allait tout de suite sous la douche. De plus, elle ne dormait pas avec son amoureux et ne le touchait jamais dans la maison.

MASQUÉS À L’INTÉRIEUR

Le couple avait même commandé des masques qu’ils portaient à l’intérieur de la résidence.

« Je n’ai pas beaucoup d’énergie. J’ai juste envie de dormir », confie-t-elle.

Paul Lupien souhaitera­it prendre sa douce dans ses bras et lui dire qu’elle n’a rien à se reprocher. Elle pleurait déjà tous les soirs, car elle avait peur de le contaminer.

Il déplore par ailleurs que le gouverneme­nt n’ait pas mis en place de mesures efficaces pour les personnes handicapée­s confinées à la maison.

« Les grands oubliés de cette crise-là, ce sont les personnes handicapée­s », mentionne-t-il.

 ?? PHOTO D’ARCHIVES CHANTAL POIRIER ET CAPTURE D’ÉCRAN FACEBOOK ?? Paul Lupien et sa conjointe, Carole Morin, avaient raconté au Journal il y a deux semaines tout ce qu’ils faisaient pour éviter de se contaminer, mais ça n’a pas suffi. En mortaise, une photo de M. Lupien de son lit d’hôpital, hier soir, déposée sur Facebook.
PHOTO D’ARCHIVES CHANTAL POIRIER ET CAPTURE D’ÉCRAN FACEBOOK Paul Lupien et sa conjointe, Carole Morin, avaient raconté au Journal il y a deux semaines tout ce qu’ils faisaient pour éviter de se contaminer, mais ça n’a pas suffi. En mortaise, une photo de M. Lupien de son lit d’hôpital, hier soir, déposée sur Facebook.

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