Ottawa bannit les armes d’assaut de type militaire
La vente et l’utilisation interdites, mais les propriétaires pourront les garder
OTTAWA | Le fédéral bannit la vente et l’utilisation de plus de 1500 modèles d’armes d’assaut de type militaire, mais entend permettre aux propriétaires de celles-ci d’en garder possession grâce à une clause grand-père.
« À partir de maintenant, il n’est plus permis de vendre, d’acheter, de transporter, d’importer ou d’utiliser des armes d’assaut de type militaire au Canada », a annoncé le premier ministre Justin Trudeau hier.
Le Ruger Mini-14, utilisé durant le massacre de Polytechnique Montréal survenu en décembre 1989, fait partie des armes qui deviennent prohibées.
Parmi les plus de 1500 modèles et variantes visés par l’interdiction, on retrouve aussi le VZ58 Sporter, utilisé lors de tuerie de la grande mosquée de Québec et le Beretta CX4 Storm, employé dans la fusillade au Collège Dawson.
« Ces armes n’ont été conçues qu’à une seule et unique fin : tuer le plus grand nombre de personnes le plus rapidement possible. Elles n’ont aucune utilité – et elles n’ont pas leur place – chez nous », a martelé M. Trudeau lors de l’annonce.
AUTRE DRAME
Cette interdiction, qui entre en vigueur immédiatement, survient moins de deux semaines après la tuerie la plus mortelle qu’ait connue le Canada, en Nouvelle-Écosse, avec 22 morts. D’ailleurs, le ministre de la Sécurité publique, Bill Blair, a précisé que les deux armes d’épaule qui ont servi à commettre ce massacre font partie de celles désormais interdites.
Un programme de rachat des armes prohibées doit toutefois encore être élaboré et un projet de loi devra pour ce faire être présenté et adopté au Parlement.
Ce programme s’attire des critiques puisqu’il semble qu’il ne sera que volontaire. Le Globe and Mail rapportait hier que les libéraux songent à rendre ce programme non obligatoire. M. Trudeau n’a pas voulu confirmer cette information, mais des documents fournis lors de l’annonce pointent dans cette direction.
Les Canadiens qui possèdent déjà légalement une des armes désormais interdites auront une période d’amnistie de deux ans pour se conformer à la nouvelle réglementation.
Le ministre de la Justice, David Lametti, a précisé que cette amnistie ne permet que d’allonger la période de possession de ces armes, mais ne permet pas de les utiliser, de les vendre ou de les prêter.
RÉACTION
Le groupe PolySeSouvient salue les mesures prises par Ottawa, mais s’inquiète de la possibilité que le programme de rachat à être annoncé ne soit pas obligatoire.
« Un programme partiel ne serait qu’une déception de plus dans notre bataille de 30 ans pour le contrôle des armes à feu. Cela pourrait signifier que les dizaines de milliers d’armes d’assaut resteront entre les mains de leurs propriétaires actuels, pendant des générations », a réagi Nathalie Provost, survivante de la fusillade de Polytechnique et porte-parole de l’organisation.
« Ce serait une importante victoire pour le lobby des armes », a-t-elle déploré.