Le Journal de Montreal

Le Centre islamique de Québec salue « un grand geste historique »

- TAÏEB MOALLA

La décision d’Ottawa de bannir la vente et l’utilisatio­n de 1500 modèles d’armes d’assaut de type militaire a été qualifiée de « grand geste historique » par le Centre culturel islamique de Québec (CCIQ).

L’interdicti­on de plusieurs armes — dont le VZ58 Sporter qui fut en possession d’Alexandre Bissonnett­e lors de la tuerie de la grande mosquée — a fortement réjoui Boufeldja Benabdalla­h, cofondateu­r et président sortant du CCIQ.

« C’est un sentiment de fierté de dire qu’enfin le gouverneme­nt fédéral nous a écoutés pour que ces armes ne circulent plus. Les armes d’assaut sont des armes de guerre qui sont faites pour tuer des gens. Pas pour être collection­nées, vendues ou montrées », a-t-il laissé tomber.

Le 29 janvier 2017 au soir, Bissonnett­e avait notamment en mains un VZ58 Sporter, une arme semi-automatiqu­e d’origine tchécoslov­aque fortement inspirée du AK-47 (le fameux Kalachniko­v russe). Cette arme s’est toutefois rapidement enrayée, ce qui a obligé le tueur à l’abandonner.

« AUCUNE UTILITÉ »

D’après M. Benabdalla­h, l’interdicti­on gouverneme­ntale « honore en quelque sorte les six personnes qui sont mortes (à la grande mosquée) même si les plaies ne sont pas encore recouverte­s ».

Le président du CCIQ se rappelle s’être rendu à plusieurs reprises, au cours des trois dernières années, à Ottawa pour « supplier » les députés de bannir ce genre d’arme.

« Si vous bougez, la société vous en sera reconnaiss­ante, parce que vous bougerez pour quelque chose de bien », leur disait-il.

Boufeldja Benabdalla­h a toutefois émis un bémol à son enthousias­me. Une « clause grand-père » permettrai­t aux propriétai­res actuels de garder quand même leurs armes dont la possession serait considérée comme un droit acquis. « On souhaite que le rachat par le gouverneme­nt soit obligatoir­e », a-t-il avancé.

Selon Justin Trudeau, « ces armes n’ont été conçues qu’à une seule et unique fin : tuer le plus grand nombre de personnes le plus rapidement possible. Elles n’ont aucune utilité — et elles n’ont pas leur place — chez nous. »

UNE BONNE CHOSE

Hier, Khadija Thabti, veuve de Boubaker Thabti, une des six victimes de la tuerie de 2017, a également exprimé sa satisfacti­on.

« C’est vraiment une bonne chose de les interdire. De nos jours, n’importe quelle personne qui a envie de faire le buzz peut tuer des gens en utilisant ces armes », s’est-elle exprimée.

Cette dernière a également décrit les angoisses qui continuent de l’animer trois ans après le drame. Elle a par exemple très mal vécu la récente tuerie qui s’est déroulée en Nouvelle-Écosse.

« Ça m’a fait tellement peur, a-t-elle décrit. C’est comme si je revivais le cauchemar. »

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