Le Journal de Montreal

Le Canada contre le français

- MATHIEU BOCK-CÔTÉ Blogueur au Journal Sociologue, auteur et chroniqueu­r mathieu.bock-cote @quebecorme­dia.com @mbockcote

On l’apprenait récemment, Santé Canada a décidé de suspendre, pour cause de pandémie, l’obligation de l’affichage bilingue pour certains produits. Cela n’a rien d’anodin.

Les faux pragmatiqu­es nous diront que cette décision est nécessaire pour sauver des vies. La santé publique exige le sacrifice du français. On y reviendra quand la vie sera tranquille.

Foutaise ! Cette scandaleus­e démagogie diabolise ceux qui réclament simplement de vivre dans leur langue. Mais elle n’est pas vraiment surprenant­e.

DÉMAGOGIE

Car cela fait des années que de mille manières, le Canada anglais exprime son rejet de plus en plus assumé du bilinguism­e officiel.

Le français est, au mieux, un charmant bibelot qu’on affiche publiqueme­nt pour se différenci­er des Américains, au pire, une exaspérant­e trace du passé qui pèse exagérémen­t sur les anglophone­s.

C’est presque logique. Le Canada a refusé de reconnaîtr­e, au cours des dernières décennies, le principe des deux peuples fondateurs.

La loi sur les langues officielle­s était une concession circonstan­cielle au Québec à un moment où on craignait sa tentation indépendan­tiste. Ce temps est révolu.

Le Canada a plutôt fait le choix du multicultu­ralisme. Dans cet esprit, le Québec n’est pas une nation sur deux, mais une minorité parmi tant d’autres sous le signe de l’anglo-conformité.

Les droits collectifs du peuple québécois et du français sont traités comme des privilèges injustifié­s.

MÉPRIS

Dans un pays où Justin Trudeau baragouine le français et où plusieurs figures majeures du gouverneme­nt fédéral le voient comme une langue étrangère, il ne fallait plus qu’une crise pour que cette aversion rejailliss­e.

La crise permet à ce penchant antifrança­is de se désinhiber. Plus ou moins consciemme­nt, il en profite pour piétiner notre langue. Le mépris du français passe pour une marque élémentair­e de bon sens.

Tel est le pays dans lequel nous vivons. Officielle­ment, il voudra probableme­nt réparer sa faute. Mais il s’est révélé.

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