Le Journal de Montreal

Restaurate­urs et bars veulent vendre du vin comme à la SAQ

Le commerce d’alcool à emporter permettrai­t à plusieurs de survivre à l’été

- PHILIPPE ORFALI Le Journal de Montréal

En prévision de l’été « désastreux » qui les attend, des restaurate­urs et tenanciers de bars réclament le droit de vendre vin et bières à emporter, à l’instar de la SAQ et des dépanneurs.

Alors que plusieurs Québécois découvrent qu’il est possible d’ajouter une bouteille de vin à sa commande de mets à emporter, les propriétai­res de restaurant­s et de bars aimeraient pousser l’expérience encore plus loin, en obtenant le droit d’écouler le stock de leur cave à vin cet été, générant ainsi des revenus appréciabl­es.

La saison estivale s’annonce difficile. Au moment de leur réouvertur­e, les salles à manger des restaurant­s verront leur capacité réduite de façon drastique afin de respecter les principes de distanciat­ion. Les marges de profits étant déjà minces en restaurati­on, plusieurs craignent une catastroph­e financière.

Le fait de vendre des caisses de bouteilles de vin ou des bouteilles individuel­les permettrai­t à certains de garder la tête hors de l’eau, affirme le vice-président des affaires publiques de l’Associatio­n des restaurate­urs du Québec (ARQ).

« Nous, on pense qu’à situation exceptionn­elle, mesure exceptionn­elle », soutient François Meunier.

« Oui, ça affecterai­t le monopole de l’État de la Société des alcools du Québec (SAQ), mais c’est une question de survie pour les restaurant­s. Si on ne nous donne pas d’autres moyens de diversifie­r nos revenus cet été, ça va être la fin pour plusieurs », dit-il.

DÉJÀ POSSIBLE SUR LE WEB

C’est méconnu, mais les restaurant­s ont depuis 2002 la possibilit­é de vendre du vin à emporter à l’achat d’un repas. Quant aux bars qui vendent de la nourriture, ils n’ont pas cette chance : impossible de vendre du vin à emporter, même avec l’achat d’un repas.

Dans les deux cas, ils peuvent toutefois vendre leurs vins par l’entremise du site alfred.vin, à l’origine de la campagne « On lève notre verre », en vertu d’une entente spéciale avec la SAQ.

Le site agit comme un catalogue où les sommeliers de bars et restos peuvent inscrire leurs bouteilles et les mettre à vendre.

« C’est compliqué », note Alain Rochard, propriétai­re du bar Le Rouge Gorge, qui compte près de 4000 bouteilles dans sa cave. Son souhait : que la Régie des alcools, des courses et des jeux autorise les bars à vendre leurs bouteilles directemen­t à leur clientèle, le temps que la crise passe.

« On a tous des stocks de bouteilles bloquées actuelleme­nt. Si on avait une autorisati­on de caviste, avec ou sans bouffe, ça permettrai­t de payer certains de nos frais fixes. Au lieu de pleurer au gouverneme­nt pour qu’on nous donne de l’argent, on pourrait générer des revenus. Et l’argent ainsi économisé par les gouverneme­nts pourrait être investi ailleurs », plaide-t-il.

TRAVAIL DÉJÀ COMMENCÉ

Au cabinet de la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, de qui relève la Régie des alcools, on laisse entendre que cette option n’est pas sur la table actuelleme­nt.

« Avant même la COVID, on travaillai­t à des allègement­s [réglementa­ires] » comme la possibilit­é de servir de l’alcool sans repas dans les restaurant­s », précise toutefois l’attachée de presse Amélie Paquet.

«ONATOUSDES STOCKS DE BOUTEILLES BLOQUÉS. SI ON AVAIT

UNE AUTORISATI­ON

DE CAVISTE... ÇA PERMETTRAI­T DE PAYER CERTAINS FRAIS. » – Alain Rochard, sommelier

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PHOTO CHANTAL POIRIER Associé et sommelier du bar à vin montréalai­s Le Rouge Gorge, Alain Rochard croit que la vente de vin à emporter sans qu’il y ait nécessaire­ment achat d’un repas permettrai­t à de nombreux restaurate­urs de « tenir le coup » pendant les prochains mois.

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