Les technos à la rescousse de nos usines
Le génie québécois est mis au service du secteur manufacturier afin de mettre en oeuvre de nouveaux outils
De nouveaux outils technologiques de distanciation sociale et d’hygiène québécois font leur apparition dans nos usines, ce qui risque de changer à jamais notre visage manufacturier.
« Il faut faire attention de ne pas tomber dans une logique de gadgets de gens qui profitent de cette manne-là. Il va falloir les certifier », prévient Jean-Pierre Brun, professeur retraité de l’Université Laval, ex-titulaire de la Chaire en gestion de la santé et de la sécurité du travail dans les organisations (CGSST).
Dès le 11 mai, les usines de la province pourront reprendre peu à peu leurs activités, mais ce n’est qu’à partir du 25 mai prochain qu’elles pourront redémarrer la machine pour de bon, sans restriction sur le nombre d’employés.
« On s’en va dans un monde “avec COVID”. Ces outils-là vont être aussi bons contre l’influenza et la gastro », analyse Jean-Pierre Brun, aujourd’hui expertconseil associé du cabinet Empreinte Humaine.
TECHNO EXISTANTE
À l’essai depuis quelques semaines, ces nouveaux outils technos ou moins technos ont commencé, mine de rien, à s’imposer, entre les machines, dans nos usines, pour aider les employeurs à faire respecter les règles de distanciation et d’hygiène.
« La technologie existe. Les PME ne l’avaient pas encore adoptée parce que souvent, on n’y voyait pas d’intérêt, de retour sur l’investissement ou bien parce qu’il n’y avait pas d’obligation », estime la PDG de Manufacturiers & Exportateurs du Québec (MEQ), Véronique Proulx.
Selon elle, après les plexiglas sur roulettes ou les baguettes de deux mètres pour aider les superviseurs d’usine à garder une bonne distance entre eux et leurs employés, les employeurs auront aussi recours aux nouvelles technologies pour leur faciliter la vie.
« Ce n’est pas vrai que tout va se faire manuellement », résume Véronique Proulx.
NOUVELLES PRIORITÉS
Pour sa part, le PDG de Sous-Traitance Industrielle Québec (STIQ), Richard Blanchet, reconnaît lui aussi que les nouvelles exigences sanitaires ont favorisé l’innovation.
« On a maintenant de l’aluminium qui se désinfecte lui-même. Wow ! Si ça marche comme prévu, ça va créer un boom ! » laisse-t-il tomber avec enthousiasme.
Il affirme cependant qu’il est faux de penser que la pandémie va nécessairement accélérer l’automatisation des usines québécoises parce qu’elles viennent de vivre des semaines difficiles sur le plan financier.
« Les projets commencés ces derniers mois vont être temporairement mis de côté parce que les priorités viennent de changer. Il y a une nouvelle réalité. Il ne faut pas se contaminer. Le virus n’est pas mort », conclut Richard Blanchet.