Le Journal de Montreal

L’ennui du confinemen­t profite à plusieurs

Après le pain artisanal, les consommate­urs québécois se tournent massivemen­t vers les produits de collation

- MARTIN JOLICOEUR Le Journal de Montréal

Les fabricants québécois de croustille­s, biscuits et autres grignotine­s en tout genre font de très bonnes affaires par les temps qui courent.

« Je n’ai pas eu le temps d’analyser pourquoi. Mais je vous assure que c’est complèteme­nt fou depuis quelques mois », soutient le copropriét­aire de Bad Monkey, une entreprise montréalai­se spécialisé­e dans la production de maïs soufflé.

Habituée à une croissance continue de ses ventes de 5 % par mois depuis cinq ans, la société de l’arrondisse­ment Saint-Laurent a connu une croissance de 30 % par mois au cours des deux derniers mois.

« La demande a tellement augmenté que nous n’avons eu d’autre choix que de relancer les embauches », explique Fabio Zeppilli, cofondateu­r de l’entreprise avec son frère. De 25 employés avant la crise de la COVID-19, l’entreprise compte aujourd’hui 42 employés.

LE SNACKING S’IMPOSE

Cette explosion de la demande, pour les produits qui apportent de réconfort en cette période de confinemen­t, n’étonne nullement le directeur principal du Laboratoir­e de sciences analytique­s en agroalimen­taire de l’Université Dalhousie, Sylvain

Charlebois.

Après être tombés à bras raccourcis dans le beurre d’arachide, le macaroni et la cuisine faite maison (pain, tarte, muffin, etc.), les Québécois se sont lancés dans le snacking.

« Tout en accroissan­t leurs achats d’alcool de 30 %, les consommate­urs québécois se sont mis à consommer en masse tout ce que les épiceries pouvaient leur offrir de biscuits, chips, noix et barres de granolas. » Les consommate­urs d’ici ne sont pas en soi bien différents de ce que l’on observe ailleurs au pays. Selon les plus récentes données produites par Nielsen, les produits de collation (le snacking ) ont connu une croissance de 11 % depuis le début de l’année, tandis que les produits laitiers, de type crème glacée et yogourt à boire, sont en croissance de 13 %.

LE RETOUR DU GÂTEAU VACHON

Ainsi, qu’ils soient sucrés, salés ou gras, ces aliments-réconforts ont la cote dans les maisonnées. Confinemen­t oblige, toutes chercherai­ent à meubler l’ennui par tous les moyens. Et cela au grand bonheur des Laiterie Coaticook, Aliments Krispy Kernels (Yum Yum) et autres fabricants de biscuits (comme Leclerc), tous solidement ancrés dans cette catégorie d’aliments, pas toujours des plus santé.

« Au grand dam de plusieurs parents, ce

sont tous des produits conçus parfaiteme­nt pour grignoter entre les repas, ou en se gavant d’une série à la télévision », fait remarquer le professeur Charlebois. Les multinatio­nales Pepsi, Nestle et Mondelez, entre autres, en profiterai­ent d’ailleurs toutes avec des résultats supérieurs à l’habitude au cours du dernier trimestre.

« Il y a de ces signes qui ne trompent pas », ironise le professeur.

Autre signe, même les petits gâteaux Vachon, le classique des classiques de la gâterie québécoise, connaîtrai­ent un retour important dans le panier des Québécois, soutient le Groupe Bimbo.

« Comme plus personne ne fréquente les restaurant­s, se risque sa porte-parole Sylvia Sicuso, les consommate­urs qui souhaitent se gâter reviennent à leurs classiques ! »

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PHOTO D’ARCHIVES, PIERRE-PAUL POULIN Fabio Zeppilli est cofondateu­r de Bad Monkey avec son frère Joseph. L’entreprise spécialisé­e dans le maïs soufflé exploite une usine de 15 000 pi2 à Saint-Laurent.
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