Modifier l’organigramme
La question posée par Marc de Foy, l’autre jour, dans le cadre de sa chronique, est pertinente.
À la suite du licenciement de John McDonough, qui assumait le rôle de président des opérations des Blackhawks de Chicago, à quoi doit penser Geoff Molson, le propriétaire du Canadien ? Surtout dans le contexte actuel. Parce qu’il faut bien le réaliser, la gestion quotidienne d’une entreprise sportive, au même titre que les grandes entreprises au pays, ne sera plus la même. Encore plus que jamais, on va juger les décideurs sur les résultats et non sur l’effort.
Pour une entreprise sportive, les résultats se résument aux victoires. Aux objectifs atteints. Aux performances pendant les séries éliminatoires. Aux championnats qui confirment habituellement que la gestion de l’entreprise est entre bonnes mains.
McDonough a gagné trois coupes Stanley dans son rôle de président. Il a relancé une concession qui avait perdu sa notoriété à Chicago. Pourtant, après cinq années difficiles, on lui montre la porte.
Marc de Foy a parfaitement raison de s’interroger sur ce qui peut bien trotter dans la tête du propriétaire. Les amateurs également. Après tout, si on regarde la feuille de route du Canadien depuis qu’il est le propriétaire, ce n’est pas très édifiant… sûrement pas pour une organisation qui traîne, avec de plus en plus de difficulté, une tradition qui la plaçait parmi les grandes entreprises sportives.
NUANCE
McDonough, contrairement à Geoff Molson, n’était pas le propriétaire des Blackhawks, une nuance importante. Il jouait un rôle similaire à celui de Brendan Shanahan avec les Maple Leafs de Toronto.
Il avait la main haute sur toutes les opérations de l’entreprise. Le directeur général des Blackhawks, Stan Bowman, choisi par McDonough, devait se rapporter directement au président. L’organigramme voulait qu’il soit le trait d’union entre le propriétaire et la gestion quotidienne de l’entreprise.
En fin de compte, comme le veut le monde des affaires, McDonough était le grand responsable. Il devait montrer des résultats concluants. Lors de ses neuf premières saisons, il a comblé les propriétaires de l’équipe. Au cours des cinq dernières années, la situation s’est détériorée. On lui a montré la porte.
Geoff Molson dirige son entreprise. Il s’agit d’une importante nuance, comme je le précisais. Par contre, ne devraitil pas y avoir une personne entre le propriétaire et les gens du secteur hockey ? Et n’est-ce pas le moment pour modifier l’organigramme, avec tous les changements que le sport professionnel devra apporter pour assurer sa rentabilité dans les prochaines années ?
POUVOIRS
Geoff Molson a tous les pouvoirs. Il est le propriétaire, c’est son argent, c’est son entreprise, mais une organisation comme le Canadien, qui accumule les ratés depuis cinq ans, une seule participation aux séries éliminatoires, ne doitelle pas emboîter le pas et avancer dans les prochaines années avec de nouvelles structures opérationnelles ?
Ne devrait-on pas profiter de la situation actuelle pour créer un poste de président des opérations ? L’entreprise n’a-t-elle pas fait chou blanc au chapitre des résultats anticipés depuis l’achat de la compagnie par le groupe de Monsieur Molson ?
Dans le monde des affaires, tolère-t-on les échecs à répétition ? Poser la question, c’est y répondre. Par conséquent, il arrive très souvent qu’une restructuration de l’organigramme soit la solution que l’on suggère fortement, pour ne pas dire qu’on impose sur le champ.
Et le Canadien, comme los grandes entreprises de chez nous, doit constamment chercher l’excellence. On ne se gêne pas pour exiger des consommateurs des sommes importantes pour franchir les tourniquets.
En revanche, les consommateurs veulent un bon retour sur leurs dépenses. Au cours des dernières saisons, ça n’a pas été le cas. En fait, depuis 1993, cette organisation, qui respectait les standards qu’elle avait elle-même établis, a perdu de son lustre. Toutes les expériences tentées pour redorer le blason de l’entreprise ont échoué.
En période trouble, les grandes entreprises éprouvant des ennuis relativement à la gestion des opérations apportent des modifications à l’organigramme.
Geoff Molson est le propriétaire de l’entreprise, il a pleine liberté de faire ce qu’il désire. Mais force est d’admettre que jusqu’à maintenant, ce qu’il avait concocté comme modèle d’affaires pour redresser une concession qui battait de l’aile – il faut s’arrêter sur les performances au niveau de la surface de jeu – n’a toujours pas abouti à des résultats concluants, surtout enivrants pour les consommateurs.
LEADERSHIP
Molson ne devrait-il pas profiter de l’occasion pour justement améliorer l’organigramme de son entreprise ? Est-ce que l’embauche d’un homme avec de profondes connaissances du hockey professionnel, démontrant des valeurs sûres sur le plan administratif et sur le plan du leadership, ne serait pas une solution logique ?
Le sport professionnel ne se dirige-t-il pas vers ce concept de gestion ?
Le Canadien ne devrait-il pas démontrer du leadership dans ce domaine ?