Chassé du chevet de sa mère en CHSLD après l’avoir ravivée
L’homme prétend que c’est grâce à sa présence qu’elle n’est plus considérée en fin de vie
Un Montréalais est outré de s’être fait montrer la porte d’un CHSLD maintenant que sa mère n’est plus mourante.
« C’est l’indignation complète dans la famille, peste Réal Migneault, 53 ans. Ça marchait ! Ma mère prenait du mieux depuis que je la visitais, et là on me dit que je n’ai plus le droit de la voir. »
« On flushe des gens qui pourraient être sauvés. Combien sont morts comme ça ? » se questionne-t-il, à propos des dommages collatéraux de la pandémie.
Diagnostiquée avec la COVID-19 à la mi-avril, Thérèse Marineau, 85 ans, a dépéri au point où la Résidence Berthiaume-Du Tremblay la croyait en fin de vie, le 22 avril.
« Le médecin m’a dit qu’elle était condamnée, souffle son fils. Son état se détériorait rapidement, en partie parce qu’elle refusait de s’alimenter et de boire. »
Le personnel l’a donc contacté le jour même afin qu’il puisse lui rendre quelques dernières « visites humanitaires ». Il devait revêtir tout l’attirail de protection nécessaire.
« Quand je suis arrivé là, ils te l’avaient confinée solide dans une chambre, raconte M. Migneault. Elle était confuse et n’a jamais rien compris de ce qui se passait. Elle disait non à tout, tellement elle avait peur. C’était une femme complètement atterrée dans sonlit.»
DÉTRESSE PSYCHOLOGIQUE
Sans se prétendre expert, il a rapidement réalisé que sa mère semblait souffrir davantage de détresse psychologique que du virus.
« C’est pas dur à comprendre. Il y a une composante psychologique importante là-dedans, précise-t-il. Mais je ne pointe personne du doigt. Ils [les employés] sont débordés. »
Puis, Mme Marineau s’est presque instantanément mise à prendre du mieux. Son fils l’aidait à se nourrir, elle qui a des problèmes de mobilité. Il lui peignait les cheveux et lui fredonnait ses chansons préférées.
« C’était le jour et la nuit, témoigne M. Migneault. La dernière fois que je l’ai vue, elle parlait et chantait du Frank Sinatra. »
Si bien que six jours plus tard, la direction de la résidence l’a rappelé, non pas pour le féliciter, mais pour lui annoncer que son droit de visite était révoqué.
« Votre mère va mieux et n’est plus sur le point de mourir. Vous ne pouvez plus venir. Les proches aidants ne sont pas autorisés », aurait-il reçu comme explication.
Il a tenté tant bien que mal de se faire entendre par le commissaire aux plaintes, sans succès.
MANQUE DE JUGEMENT
« Chaque fois que je la visitais, je la ramenais, déplore le Montréalais, qui crie à l’aide pour revoir sa mère. L’espoir a été fracassé. Il y a un manque de jugement. On la pénalise parce qu’elle a pris du mieux. »
Selon lui, il s’agit d’une question de temps, « une urgence », même.
D’après ses calculs, cela fera aujourd’hui cinq jours que Mme Marineau ne mangerait plus « adéquatement ».
« Vous imaginez le cynisme si ma mère retombe en fin de vie et que les “visites humanitaires” doivent être autorisées à nouveau ? » philosophe son fils.