Myrtle Stark, 97 ans, Côte-Saint-Luc
Si on lui avait donné l’opportunité de raconter ses accomplissements dans un journal, Myrtle Stark aurait probablement sauté sur l’occasion, croit son petit-fils Robert.
« Elle me demandait toujours de créer un site web pour parler de sa vie. Elle était très fière », se souvient-il.
Immigrante polonaise de l’entre-deuxguerres, Mme Stark a épousé son seul amour à l’âge de 19 ans.
Féministe avant l’heure, c’est elle qui subvenait aux besoins de ses deux enfants en travaillant dans un magasin de tissus.
Lorsque son mari Mac est décédé, alors qu’elle était dans la soixantaine, Mme Stark est retournée à l’école pour obtenir sa licence d’agente immobilière.
Pendant les 20 années qui ont suivi, elle en a fait une carrière, se hissant même parmi les meilleurs vendeurs de sa bannière.
« Elle était féroce. Elle travaillait 7 jours sur 7. Il y a eu plusieurs repas familiaux où elle arrivait en retard ou desquels elle devait partir tôt », se remémore son petit-fils.
Elle est demeurée dans son appartement et a continué de conduire sa voiture jusqu’à l’aube de ses 90 ans, où elle a dû se résoudre à aller vivre au Centre Donald Berman Maimonides, à Côte-Saint-Luc.
La nonagénaire n’a pas ralenti la cadence pour autant. Elle fréquentait le gymnase de l’établissement chaque jour pour y faire du vélo stationnaire. Elle peignait, surfait sur YouTube avec Robert à la recherche de vidéos de papillons et tricotait sans relâche.
Après avoir traversé des décennies de tempêtes sans jamais se plaindre, Myrtle Stark a dû se contenter de funérailles à la vitesse de l’éclair.
« Elle est décédée à 9 h, elle était enterrée à 15 h. On a dû se rendre directement au cimetière et nous n’étions que cinq. Nous ne pouvions pas nous approcher les uns des autres ni de la tombe », détaille son petit-fils, déplorant la nature impersonnelle de ce dernier adieu.