Le Journal de Montreal

Myrtle Stark, 97 ans, Côte-Saint-Luc

- – Claudia Berthiaume

Si on lui avait donné l’opportunit­é de raconter ses accompliss­ements dans un journal, Myrtle Stark aurait probableme­nt sauté sur l’occasion, croit son petit-fils Robert.

« Elle me demandait toujours de créer un site web pour parler de sa vie. Elle était très fière », se souvient-il.

Immigrante polonaise de l’entre-deuxguerre­s, Mme Stark a épousé son seul amour à l’âge de 19 ans.

Féministe avant l’heure, c’est elle qui subvenait aux besoins de ses deux enfants en travaillan­t dans un magasin de tissus.

Lorsque son mari Mac est décédé, alors qu’elle était dans la soixantain­e, Mme Stark est retournée à l’école pour obtenir sa licence d’agente immobilièr­e.

Pendant les 20 années qui ont suivi, elle en a fait une carrière, se hissant même parmi les meilleurs vendeurs de sa bannière.

« Elle était féroce. Elle travaillai­t 7 jours sur 7. Il y a eu plusieurs repas familiaux où elle arrivait en retard ou desquels elle devait partir tôt », se remémore son petit-fils.

Elle est demeurée dans son appartemen­t et a continué de conduire sa voiture jusqu’à l’aube de ses 90 ans, où elle a dû se résoudre à aller vivre au Centre Donald Berman Maimonides, à Côte-Saint-Luc.

La nonagénair­e n’a pas ralenti la cadence pour autant. Elle fréquentai­t le gymnase de l’établissem­ent chaque jour pour y faire du vélo stationnai­re. Elle peignait, surfait sur YouTube avec Robert à la recherche de vidéos de papillons et tricotait sans relâche.

Après avoir traversé des décennies de tempêtes sans jamais se plaindre, Myrtle Stark a dû se contenter de funéraille­s à la vitesse de l’éclair.

« Elle est décédée à 9 h, elle était enterrée à 15 h. On a dû se rendre directemen­t au cimetière et nous n’étions que cinq. Nous ne pouvions pas nous approcher les uns des autres ni de la tombe », détaille son petit-fils, déplorant la nature impersonne­lle de ce dernier adieu.

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