Le Journal de Montreal

Ça ne va pas bien

- RÉJEAN PARENT Blogueur au Journal Syndicalis­te, chroniqueu­r

Nos gouverneme­nts paraissaie­nt en contrôle face à la crise sanitaire, mais ils semblent en voie de l’échapper à la lumière des morts et des foyers d’éclosion qui se multiplien­t.

Malgré tout, le premier ministre québécois se lance dans un plan de déconfinem­ent. De son côté, le premier ministre canadien tente de distraire la galerie avec un décret sur l’interdicti­on de vendre ou d’acquérir des armes d’assaut.

DÉTOURNEME­NT D’ATTENTION

Cocasserie conjonctur­elle, c’est en pleine guerre contre la COVID-19 que le gouverneme­nt Trudeau met en oeuvre sa promesse électorale d’interdire les armes de type militaire.

La concrétisa­tion de cette promesse tombe à pic pour des libéraux malmenés pour certaines de leurs mesures budgétaire­s et pour leur laxisme à l’égard de l’évitement fiscal.

La transparen­ce s’imposera dans le discours du premier ministre pour espérer mobiliser la population vers le déconfinem­ent graduel

Les conservate­urs ont raison d’y voir une tentative de récupérati­on politique du drame survenu en Nouvelle-Écosse. Leur chef déplore aussi un grave déni de démocratie en privant le Parlement de débattre de la question.

Les propos d’Andrew Scheer demeureron­t cependant du verbiage politique parce que le décret gouverneme­ntal ne changera rien dans les faits. Une dispositio­n sur les droits acquis et la contreband­e passant par les territoire­s autochtone­s feront que ces armes continuero­nt d’abonder au Canada.

Il aurait été plus ardu pour un gouverneme­nt minoritair­e de passer par l’adoption d’un projet de loi. On peut croire que le NPD et le BQ auraient voulu lui mettre des dents, car dans l’état actuel le décret s’apparente plus à un requin édenté !

MOBILISATI­ON BOUSILLÉE

Dans une analogie entre le combat contre la COVID-19 et les guerres, Pierre Dubuc rappelait, dans une chronique de

L’Aut’Journal, l’appui décroissan­t des population­s à leurs dirigeants lorsque le nombre de morts augmente durant un conflit armé.

Les propos rassurants de François Legault sur le faible nombre de décès par million de personnes apaisaient les craintes, au début de la crise sanitaire, et aidaient à croire que nos gouvernant­s avaient la situation bien en main.

L’hécatombe dans les résidences de personnes âgées, l’éclosion dans certains arrondisse­ments montréalai­s et les tribulatio­ns de certains hôpitaux ont semé le doute sur les manoeuvres gouverneme­ntales et généré une peur irrépressi­ble chez plusieurs citoyens et travailleu­rs face à un éventuel déconfinem­ent.

Les motifs invoqués par le premier ministre pour relancer graduellem­ent l’économie et rouvrir les écoles changeaien­t au gré du jour, contribuan­t ainsi à attiser les craintes de ces gens.

Autre tuile pour nos décideurs, des voix s’élèvent pour décrier leur imprévoyan­ce et leur sourde oreille aux soignants ainsi qu’aux organismes communauta­ires qui anticipaie­nt les foyers d’éclosion et la dégradatio­n de la situation.

Les doutes exprimés par d’autres provinces sur le plan québécois de déconfinem­ent n’auront rien pour raviver la confiance.

Il est facile pour l’État de commander à des militaires d’aller au front dans les CHSLD. C’est autrement plus compliqué de l’ordonner à des civils qui ne veulent pas périr sur le front scolaire, surtout quand ils doutent du jugement du commandant !

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Le capital confiance sera essentiel au premier ministre pour sortir la population des abris édifiés contre la COVID-19.

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