« Ça va être une grosse roue à repartir »
Bertrand Godin reste positif, mais s’inquiète… un peu pour l’avenir du sport
Il n’y a pas que le télétravail et des séances sur son simulateur sophistiqué qui occupent les journées de Bertrand Godin pendant cette période de confinement.
« Je suis concerné par la santé de tous et évidemment celle de mes proches, a raconté le vétéran pilote de course en entrevue au Journal de Montréal. J’appelle régulièrement mes parents et amis pour les rassurer.
« Et je me sens privilégié de le faire, poursuit-il. Mon grand-père, qui vient de célébrer ses 101 ans, vit avec ma tante de 90 ans. Ils ont des petits problèmes de santé, c’est normal, mais je communique avec eux tous les jours grâce à FaceTime.
VIVE LA TECHNOLOGIE
« Une chance qu’on a cette technologie pour communiquer, une chance aussi qu’ils savent utiliser une tablette électronique. »
Godin, âgé de 52 ans, est instructeur de conduite pour les futurs policiers à l’École nationale de police du Québec à Nicolet.
« Tout est à l’arrêt présentement, dit-il. Mais je n’ai pas cessé de travailler à la maison pour élaborer de nouveaux plans dans le but de donner des cours tout en respectant la distanciation et les mesures sanitaires nécessaires.
« S’il y a quelque chose de positif à retenir, enchaîne-t-il, c’est que la crise nous amène à beaucoup de créativité. »
Reconnu comme étant un motivateur hors pair, Godin ne cache pas néanmoins qu’il est un peu inquiet de l’avenir du sport en général.
Pas seulement de la course automobile qui représente pour lui une véritable passion depuis sa tendre enfance.
« La santé des gens est primordiale, explique-t-il, mais le sport a son importance. Il est rassembleur. Je ne pense pas que ce sera possible de se regrouper pendant un bout de temps. On est tous dans le même bateau.
« Que ce soit la LNH, la course et autres. La culture aussi. Ce sont de gros défis qui nous attendent. La pandémie, c’est une boîte à problèmes, relate Godin. C’est aussi un problème économique. Ça va être une grosse roue à repartir.
« Il y a tellement de drames qui se jouent un peu partout actuellement et j’avoue que, pour l’instant, le sport passe deuxième. Nos priorités ont changé. Quand tu dis que tu es plus impressionné par l’employé qui remplit les tablettes à l’épicerie qu’un joueur de hockey. »
« Sans surtout oublier ces gens au front dans les centres hospitaliers et résidences pour personnes âgées. Nous, on n’a pas le droit de se plaindre. Nous souhaitons les encourager et les aider à passer au travers. »
COURSES VIRTUELLES
C’est derrière le volant de son simulateur que Godin garde la main, à défaut de défier les vrais circuits de course. Depuis quelques semaines, il participe tous les vendredis soir à une épreuve virtuelle sur terre battue à l’Autodrome Granby.
« C’est génial, affirme-t-il. Le propriétaire du complexe, Dominic Lussier, et le pilote Alex Lajoie ont mis sur pied une ligue pour faire en sorte que des courses soient présentées comme en temps réel, les vendredis soir. L’avantage du logiciel iRacing, c’est que les compétitions sont diffusées en direct. »
Les bolides des participants arborent les couleurs de leurs commanditaires. On peut aussi entendre les voix des annonceurs Anthony Marcotte et Dave Paryso pendant la retransmission.
« Je me demande d’ailleurs, renchérit Godin, si cette initiative ne devrait pas avoir une continuité. Par exemple, si un vrai programme de course n’est pas présenté en raison de la pluie, qui nous dit que cette soirée annulée pourrait être organisée de façon virtuelle ? Et pourquoi ne pas combiner les deux championnats ? »
« CE N’EST QUE PARTIE REMISE »
Le nom de Godin figure à la liste impressionnante de pilotes professionnels qui participeront aujourd’hui à la première de cinq courses virtuelles, toutes en mai, de la série Canadian Sim Racing.
Il avait aussi inscrit à son horaire des participations au Grand Prix du Canada et de Trois-Rivières en Formule 1600, comme l’année dernière. La COVID-19 en a toutefois décidé autrement.
« Ce n’est que partie remise, conclut-il. Je souhaite surtout que ces beaux événements soient conservés. Si certains disparaissent, ça va être catastrophique. »