Le Journal de Montreal

Âme blessée en route vers la guérison

- LOUISE DESCHÂTELE­TS louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Je vous avais écrit l’an dernier pour vous raconter à quel point je me sentais humiliée d’avoir été menée en bateau par un manipulate­ur qui m’avait fait miroiter le ciel pour me séduire, pour finir par m’abandonner comme une vulgaire laissée pour compte.

Je vous avais expliqué combien cette terrible affaire me grugeait le coeur et me faisait me sentir comme un papier mouchoir qu’on jette après utilisatio­n. Au moment où je vous avais écrit, je pensais ne jamais m’en remettre. Votre conseil à l’effet de « … laisser le temps agir » je l’avais reçu comme une gifle à l’endroit d’une personne déjà suffisamme­nt atteinte pour ne pas mériter qu’on en rajoute. Je vous en avais donc beaucoup voulu parce que je vous trouvais méchante.

Je voudrais faire amende honorable un an plus tard pour vous dire à quel point vous aviez raison. Cette grosse peine d’amour-propre m’a donné l’occasion de faire une thérapie personnell­e en même temps que conjugale. Non le miracle ne s’est pas produit et je me suis séparée quand même du père de mes enfants. Mais on l’a fait dans une certaine harmonie et en toute connaissan­ce de cause.

Et le plus merveilleu­x, c’est que je me suis enfin trouvée dans ce que je pourrais appeler « ma vraie nature ». Vous allez peut-être me dire que rendue à 45 ans il était amplement temps, mais moi je ne le voyais pas. Je suis en rémission d’un grave accident de parcours, mais je me sens mieux et plus en mesure de m’occuper adéquateme­nt de mes enfants. Et pour le moment, ça me suffit.

Je sais maintenant pourquoi je m’étais laissé prendre par mon beau-parleur et je sais aussi que ça ne m’arrivera plus. Mes enfants ont désormais une mère plus saine qu’avant, parce qu’elle a réussi à contrôler certains de ses démons, et je me sens obligée de vous en remercier. Une femme libérée

Vous n’avez surtout pas à me remercier puisque c’est vous qui avez fait tout le travail. Mais je me permettrai de vous citer la phrase d’une lettre que m’avait fait parvenir « Ginette » une lectrice assidue il y a quelque temps, et que je trouve fort appropriée à votre cas : « Une douleur de coeur, ça fait mal, mais ça se partage. On finit par la comprendre, elle s’estompe peu à peu avant de disparaîtr­e, et on en retire une leçon de vie. » C’est ce que je vous souhaite !

À une seconde de perdre espoir

En lisant la lettre de « Karine » ce matin, je me suis dit que mon frère n’avait pas eu la même chance et j’en fus triste. Comme elle, il avait vécu une séparation difficile, des ennuis financiers et certains autres problèmes sur le plan humain. Son horizon était bouché et il a pris le chemin du suicide sans que personne dans la famille le voie venir.

Il aurait eu une souffrance physique, genre un bras ou une jambe cassée, qu’on s’en serait rendu compte. Mais là, rien qui ne nous mette la puce à l’oreille. Rien pour nous avertir qu’il y avait « péril dans sa demeure » !

On savait que financière­ment, il n’allait pas bien. On savait qu’amoureusem­ent, il n’allait pas bien. Mais on ne savait pas que fondamenta­lement, il n’allait pas bien. Même si on aimait beaucoup notre frère, on n’a pas su voir sa détresse. J’espère que « Karine » reconnaît sa chance inestimabl­e d’avoir croisé sur son chemin des bons samaritain­s qui l’ont secourue à temps. Une soeur peinée de ne pas avoir vu

Je pense qu’elle connaît l’ampleur de sa chance puisqu’elle me l’a écrite. Mais vous ne devriez pas vous affliger pour ne pas avoir été aussi perspicace que vous l’auriez voulu. Le point de vue étroit qu’on a sur le problème d’un proche nous empêche souvent de voir la forêt de problèmes derrière lui.

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