Les paiements de N95 les yeux fermés sont finis
Après une mésaventure qui a failli lui coûter 45 millions $, le gouvernement a cessé de payer l’achat de certains approvisionnements médicaux avant d’avoir reçu la marchandise, a appris notre Bureau d’enquête.
Le ministère de la Santé a indiqué hier que son processus d’achat avait été revu depuis les problèmes survenus dans une transaction pour l’achat de masques de protection N95, début avril.
« Nous n’achetons plus de masques N95 à partir de revendeurs, à moins qu’ils soient payables à la livraison avec conformité du matériel », a répondu dans un courriel le porte-parole Robert Maranda.
RISQUES DE PÉNURIE
Le gouvernement du Québec a dû s’adresser aux tribunaux pour récupérer une somme de 45 millions $ qui avait été versée d’avance à un intermédiaire, Matériel Médical L.A., pour un stock de masques N95, quand des institutions financières lui ont signalé que la transaction pouvait être risquée. (Voir autre texte)
Fin mars, le premier ministre François Legault avait prévenu la population des risques imminents de pénurie dans les approvisionnements d’équipements de protection pour les travailleurs du réseau de la santé.
Dans cette course contre la montre, M. Legault avait affirmé que le gouvernement était prêt à payer « comptant » à la réception de la marchandise s’il le fallait.
Mais cela n’a pas suffi, comme en témoigne la situation survenue avec Matériel Médical L.A.
PAIEMENTS D’AVANCE
Selon le ministère de la Santé, certains fournisseurs ont exigé d’être payés d’avance, comme Matériel Médical L.A.
« Environ 25 pour cent de ce type de transaction a été réalisé surtout en mars », a indiqué Robert Maranda.
Questionné sur la possibilité que d’autres transactions payées avant livraison aient pu poser problème, le ministère de la Santé a donné peu de précisions.
« Nous faisons un suivi en continu auprès des fournisseurs. Aucun autre cas n’a nécessité l’intervention des tribunaux jusqu’à maintenant », a déclaré M. Maranda.
Le gouvernement avait reçu un déluge d’offres spontanées, le mois dernier, quand il a annoncé qu’il était confronté à une pénurie d’équipements de protection, tels que les gants, masques et blouses.
Le gouvernement avait mobilisé 200 personnes pour évaluer ces propositions.