Le Journal de Montreal

Le Parc jurassique des syndicaleu­x

- RICHARD MARTINEAU richard.martineau@quebecorme­dia.com

Avez-vous lu la lettre que Martine Bouliane, une enseignant­e de Montréal, a fait paraître dans La Presse, hier ?

Dans laquelle elle s’en prenait à la Fédération autonome de l’enseigneme­nt, dirigée par Sylvain « je m’oppose à tout ce que le gouverneme­nt dit ou fait » Mallette ?

Ouch.

Si vous pensez que la chronique que Jonathan Trudeau a écrite sur la FAE la semaine dernière était dure, attachez votre tuque avec de la broche.

À côté de la lettre ouverte de madame Bouliane, le texte cinglant de mon ami Jonathan était quasiment un hommage.

DU PETIT CORPORATIS­ME

Ce que cette enseignant­e reproche à son syndicat ?

D’être déconnecté de la population. De toujours critiquer ce que fait le gouverneme­nt. De s’opposer pour s’opposer. De manquer de solidarité avec l’ensemble des Québécois.

De faire preuve de mauvaise foi. D’être intransige­ant. De prendre plaisir à faire dérailler de bonnes initiative­s. De se foutre des enfants. D’être trop puissant.

Tenez, juste un petit extrait de sa lettre…

« Cette intransige­ance ne nous a pas amenés à faire du vrai enseigneme­nt à distance comme en Ontario. Si nous l’avions fait, je suis certaine que le gouverneme­nt n’aurait pas eu le même empresseme­nt à ouvrir les écoles. Là-dessus, le syndicat devrait se regarder dans le miroir. »

Antisyndic­ale, la dame ? Absolument pas.

Juste déçue et frustrée. Nostalgiqu­e d’une époque où le syndicalis­me voulait améliorer la situation du Québec au grand complet, au

lieu de défendre ses propres intérêts.

Ses propos rejoignent ceux de l’essayiste Jérôme Blanchet-Gravel, auteur – avec l’écrivain Alexandre Poulin et le prof Claude Simard – d’une autre lettre ouverte qui a fait beaucoup jaser, ce week-end : Le Déclin de l’empire québécois.

Je cite : « Cette crise a montré l’emprise démesurée du corporatis­me sur notre société prétendume­nt “tricotée serré”. Alors qu’une grande partie de la population se préparait à faire des sacrifices, plusieurs syndicats et ordres profession­nels ont surfé sur la crise pour négocier des primes pour leurs membres ».

LE VILLAGE D’ANTAN

Je suis sûr que madame Bouliane n’est pas la seule prof à en avoir ras le pompon du ton vindicatif de certains syndicats d’enseignant­s.

Chaque fois que je vois Sylvain Mallette à la télé, je regarde mon calendrier pour vérifier en quelle année nous sommes.

Le gars semble avoir été congelé en 1975, et décongelé la semaine dernière.

C’est Le Parc jurassique, version syndicalis­te.

On devrait lui donner une job d’été au Village d’antan, à Drummondvi­lle. Il fitterait parfaiteme­nt aux côtés des curés, draveurs et autres aiguiseurs de couteaux.

Qu’un chef syndical tienne un tel discours en temps normal est déjà déprimant.

Mais en pleine pandémie ? Alors que tout le monde se serre les coudes ?

C’est carrément gênant.

Les membres de la FAE devraient imiter cette courageuse enseignant­e et critiquer, eux aussi, à visage découvert, leur porte-parole.

Je suis sûr que les antisyndic­alistes primaires tripent sur Sylvain Mallette.

Avec un « ennemi » comme ça en face d’eux, ils n’ont pas besoin d’amis.

Ils ne peuvent rêver d’un meilleur complice pour saboter et discrédite­r, de l’intérieur, le mouvement syndical…

Un syndicalis­me qui a été congelé en 1975, et décongelé hier...

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