Le nombre de morts pourrait être sous-estimé au Québec
L’augmentation des décès est plus grande que le nombre de morts de la COVID-19
Le nombre de morts liées à la COVID-19 en mars et avril pourrait avoir été sous-estimé dans les chiffres fournis chaque jour par le gouvernement.
Selon une analyse effectuée par notre Bureau d’enquête, on compterait plus de mortalité au Québec en mars et avril par rapport à l’an dernier, même en ajoutant les morts attribuables à la COVID-19.
Cette année, pendant ces deux mois, 14 009 déclarations de décès ont été transmises au Directeur de l’état civil, d’après les chiffres préliminaires des décès dans la province qui nous ont été fournis par l’organisme gouvernemental.
Ce sont 2209 décès de plus qu’en 2019, alors qu’on avait enregistré un total de 11 800 décès au Québec pendant les mêmes mois.
Selon les chiffres diffusés jusqu’à maintenant par le gouvernement québécois, 2022 personnes sont mortes de la COVID-19 en mars et avril cette année.
Même en tenant compte du bilan officiel des victimes de la COVID-19, on obtient donc une hausse de 187 morts par rapport à mars et avril 2019.
Dans plusieurs pays à travers le monde, dont en France et en Espagne, on a constaté qu’il existait une surmortalité dans la population, au-delà des décès de la COVID-19 qui ont été communiqués par les autorités.
Dans un texte fouillé, le quotidien The New York Times a calculé, par exemple, un excès de 6400 morts en France, soit une surmortalité de 47 %.
VICTIMES COLLATÉRALES
Ces décès ne sont pas tous nécessairement des cas de COVID-19 non diagnostiqués, mais représentent aussi des victimes « collatérales » de la pandémie.
Au Québec, c’est ce que des médecins ont d’ailleurs noté sur le terrain.
Il y a deux semaines, un médecin urgentiste, le Dr Vinh-Kim Nguyen, et une professeure en travail social, Michèle Charpentier, confiaient au Journal que des personnes âgées mouraient de déshydratation, et d’autres littéralement de désespoir dans les résidences pour aînés, à cause d’un manque de soins et d’attention.
BILAN PLUS LOURD
Par ailleurs, le vrai bilan pourrait encore s’alourdir, car ces chiffres préliminaires concernent uniquement les déclarations de décès transmises au Directeur de l’état civil pendant ces deux mois.
Il y a souvent un délai, qui se calcule en semaines, entre le moment où une personne meurt et le moment de la transmission de la déclaration de décès à l’état civil.
En d’autres termes, les données de ces deux mois pourraient ne pas être complètes ou comprendre des déclarations de mois antérieurs.
Ce n’est qu’une fois la déclaration de décès obtenue que l’état civil émet l’acte de décès officiel, après des vérifications d’usage.