Le Journal de Montreal

L’amour au temps de la pandémie

- JOSÉE LEGAULT Blogueuse au Journal Politologu­e, auteure, chroniqueu­se politique

C’était écrit dans le ciel. Dans plusieurs CHSLD et résidences privées pour aînés – ces « milieux de vie » gravement négligés par nos gouverneme­nts depuis plus de vingt ans –, la COVID-19 continue de faire des ravages.

Dès le début de la crise, le personnel sous-payé manquait déjà depuis longtemps. Idem pour les équipement­s de protection.

Le gouverneme­nt a aussi fermé toutes les ressources d’hébergemen­t aux proches aidants « significat­ifs ».

Ce sont celles et ceux qui visitaient régulièrem­ent un proche pour en prendre soin. Et surtout, leur donner de l’amour. Beaucoup d’amour.

Les proches aidants sont en fait des proches aimants. Pour justifier cette rupture brutale, le gouverneme­nt disait vouloir « protéger » ces résidents fragiles de la contagion.

Sûrement qu’il le pensait.

La suite de l’histoire fut néanmoins catastroph­ique.

Coupés en plus de leurs aidants, des aînés ont été privés de soins, d’attention et d’amour. Laissés dans l’indignité et la solitude extrême, plusieurs sont morts seuls ou se sont laissés mourir.

Une honte nationale.

TARDIF, MAIS MAJEUR

Aussi tardif soit-il, le « changement de paradigme » présenté hier par le premier ministre François Legault est donc majeur.

La ministre responsabl­e des Aînés et des Proches aidants, Marguerite Blais, annonçait que, sauf exception, tout « proche aidant significat­if » pourra s’occuper de la personne « qui lui est chère ».

Et ce, tant en CHSLD, ressources intermédia­ires, résidences privées pour aînés qu’en ressources d’hébergemen­t où vivent des adultes ou enfants handicapés intellectu­els et/ou physiques, eux aussi coupés de leurs aidants.

Fortement critiquée pour la crise dans les CHSLD et son peu de visibilité, Mme Blais a néanmoins mis le doigt sur le bobo. Un bobo amplement connu par ailleurs.

Seule une forte volonté gouverneme­ntale, lança-t-elle, peut mettre fin à la grossière négligence politique et financière dont tous ces milieux souffrent depuis trop longtemps.

FAIRE ET ACCÉLÉRER

Prenant enfin sa part de responsabi­lité, elle pointait aussi avec raison l’austérité libérale et le manque évident de volonté politique du temps où elle était ministre libérale des Aînés.

Égal à lui-même, au lieu de prendre enfin sa part du blâme, l’ex-ministre Gaétan Barrette a préféré l’insulter.

Marguerite Blais s’est pourtant montrée plus déterminée.

Rappelant qu’elle avait vu chez François Legault la volonté politique d’agir, elle promettait de bouger dorénavant à « vitesse grand V ». Il faudra tout revoir, dit-elle ; « faire mieux » dans tous ces « milieux de vie » ; investir beaucoup plus ; mieux payer et traiter les préposés ; favoriser les soins à domicile, etc.

Ces mêmes constats, on les fait depuis des années. La différence cette fois-ci est que la COVID-19 expose au grand jour l’urgence de le faire et d’accélérer de beaucoup le pas politique, financier et social.

La première politique québécoise des proches aidants de Marguerite Blais était également prévue pour ce printemps. Là aussi, les besoins sont criants et urgents. Qu’en arrivera-t-il ?

La réalité est que la ministre Blais et le ministre Lionel Carmant aux Services sociaux, demeurent des alliés sincères pour les proches aidants et les personnes vulnérable­s.

Dans cette tempête qui risque de durer longtemps, ils seraient sages de se faire plus visibles.

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La réalité est que la ministre Blais et le ministre Lionel Carmant aux Services sociaux, demeurent des alliés sincères pour les proches aidants et les personnes vulnérable­s.
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