Le Journal de Montreal

Des mamans célébrées malgré la crise

La fête des Mères a permis des rassemblem­ents touchants devant des résidences et des centres de soins

- ÉTIENNE PARÉ

Les résidences pour aînés ont été le théâtre de moments de grande émotion en cette fête des Mères, alors que pour la première fois depuis deux mois, des familles ont pu voir leur maman quelques minutes.

Le mercure avait beau être glacial à Montréal pour cette période-ci, dimanche aura été une magnifique journée pour les Béland.

À deux mètres de distance les uns des autres, toute la famille s’est rassemblée dans le stationnem­ent de l’Institut universita­ire de gériatrie de Montréal (IUGM) pour venir saluer la matriarche du clan, Lorraine Elliott qui, à 82 ans, vient de vaincre la COVID-19.

« On n’était pas certain qu’elle allait passer au travers, elle est venue très faible, mais aujourd’hui, elle est guérie », a raconté Joanne Béland, alors qu’elle envoyait la main à sa mère.

De la fenêtre de sa chambre au quatrième étage, Mme Elliott lui répondait en agitant une débarbouil­lette blanche.

À cause d’une fracture au bras, elle se sentait encore trop faible pour descendre et venir voir les siens dans le cadre de porte de la résidence.

LOIN DES YEUX, MAIS PAS DU COEUR

À cause d’une mauvaise chute cet hiver, elle a été placée en CHSLD le temps de sa convalesce­nce.

Trois jours plus tard, la crise du coronaviru­s éclatait et allait finir par faire le tour de la résidence. Cloîtrée, elle n’a pas revu sa famille depuis.

« C’est difficile. Ça fait 61 ans qu’on est ensemble. On n’a jamais été séparés aussi longtemps et ça risque de durer encore des mois », a confié Jean-Marie Béland, visiblemen­t ému, en observant sa douce là-haut. Le reste du temps, Lorraine Elliott arrive tout de même à communique­r avec ses proches par téléphone, mais ses enfants n’ont pas encore pu lui remettre sa tablette et sa paire de lunettes à cause des règles sanitaires en vigueur à l’IUGM.

UNE ROSE À LA MAIN

Ailleurs à Montréal, certaines résidences ont assoupli un peu les règles pour la fête des Mères.

L’envoi de repas et de fleurs était permis.

Pour l’occasion, Sylvie Gadbois a pu remettre en main propre une rose à sa mère, qu’elle n’avait pas vue depuis le début du confinemen­t.

Même si sa fille insiste pour dire que « ce n’est pas grand-chose », cette petite attention est lourde de sens pour Thérèse Champagne.

« Ça me touche beaucoup », a indiqué la nonagénair­e, la voix coupée par le masque qu’elle doit porter.

Même si elle n’a que de bons mots pour le personnel, le temps est souvent long à la résidence pour personnes autonomes Alfredo-Gagliardi, dans la Petite-Italie.

La cafétéria fermée, la nourriture est servie aux portes des chambres et arrive souvent froide, se plaint Mme Champagne.

« C’est dur de voir ça. On est très proches. Avant, je venais chaque semaine lui donner son bain. On se sent impuissant », a laissé tomber Sylvie Gadbois, qui vit des heures d’angoisse depuis des mois, de peur que sa mère attrape la COVID-19.

Ces quelques minutes passées en sa compagnie sur le trottoir, à deux mètres d’écart, auront au moins apaisé ses incertitud­es un court instant.

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PHOTO AGENCE QMI, ÉTIENNE PARÉ Sylvie Gadbois, accompagné­e de son conjoint Daniel Andrews, a remis une rose à sa mère, Thérèse Champagne, devant la résidence Alfredo-Gagliardi, à Montréal.

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