Une pénurie de viande peu probable malgré les usines fermées
AGENCE QMI | Malgré plusieurs éclosions de COVID-19 dans les usines de transformation de viande nord-américaines, incluant celle de Cargill à Chambly, les Québécois n’ont pas à craindre une pénurie de viande sur les tablettes des supermarchés.
« C’est sûr que les choses se compliquent. Pour ce qui est du boeuf, c’est certain qu’il pourrait y avoir un manque de produits ici et là, mais de façon générale, on ne devrait pas avoir de pénurie », a assuré hier Sylvain Charlebois, professeur spécialisé en études agroalimentaires à l’Université Dalhousie, en entrevue avec TVA Nouvelles.
Dès mercredi, l’usine de coupe de Cargill située à Chambly fermera ses portes après que 64 employés aient été infectés par le coronavirus.
Déjà, 171 travailleurs sur environ 500 ont quitté l’usine et les autres maintiennent quelques opérations pour éviter le gaspillage de viande.
D’autres usines, notamment la plus importante du pays, celle de Cargill à High River, en Alberta, ont aussi vu leurs activités perturbées par la pandémie.
Malgré tout, d’autres abattoirs parviennent à prendre le relais, a expliqué M. Charlebois.
« Les coupes plus rares qui sont un peu chères risquent de manquer un petit peu. Mais de façon générale, si vous allez chercher votre boeuf haché, par exemple – c’est ce produit-là qui est le plus populaire, on s’entend –, il ne devrait pas y avoir de problème », a-t-il poursuivi.
HAUSSES DE PRIX
Par contre, même si le boeuf demeure disponible, les consommateurs devront sortir leur portefeuille pour s’en procurer. La COVID-19 a rajouté de la pression sur un secteur où les prix étaient déjà à la hausse depuis janvier, a noté le spécialiste.
« On s’attend à une hausse d’environ 8 % pour le boeuf. Pour ce qui est de la volaille, les prix sont relativement stables. […] Le porc, bon, les prix montent et descendent, mais sont relativement stables », a-t-il détaillé.
Pourtant, les producteurs de boeufs, eux, voient le prix des carcasses chuter très rapidement.
« Cette apparente contradiction entre la baisse des prix d’un côté et la hausse à l’autre extrémité de la chaîne alimentaire s’explique par le fait que les usines de transformation tournent au ralenti et doivent investir pour respecter la distanciation sociale et les mesures d’hygiène supplémentaires », a soutenu Sylvain Charlebois.
Les effets de la pandémie n’ont d’ailleurs pas fini de se faire sentir.
« Probablement qu’on s’enligne pour quelques années durant lesquelles le taux d’inflation alimentaire sera de 4 % », a-t-il affirmé.