Le Journal de Montreal

Bienvenue à l’usine 2020

Renée Demers, présidente de l’Atelier d’usinage Quennevill­e inc., à Valleyfiel­d, a multiplié les mesures sanitaires pour reprendre ses activités normales.

- FRANCIS HALIN

Un fournisseu­r de pièces du métro de Montréal de Bombardier­Alstom, qui a pu reprendre 100 % de ses activités hier, sent bien que la vie en usine ne sera plus jamais comme avant au Québec.

« Aller manger à six à la cafétéria au lieu d’être toute la gang ensemble avec le plexiglas entre les deux, ce n’est pas naturel », lance la présidente de l’Atelier d’usinage Quennevill­e inc., Renée Demers, à Salaberry-de-Valleyfiel­d.

Fondée en 1903, sa PME fabrique 90 % des pièces d’aluminium qui vont dans le plafond des trains de métro de Montréal de Bombardier-Alstom.

« Même si on trouve un vaccin, je ne suis pas certaine que l’on va reculer avec nos mesures », ajoute Renée Demers, qui a pu reprendre hier ses activités à 100 % après avoir été forcée de les réduire de moitié depuis le début de la crise.

Hier, le sourire de la patronne de l’Atelier d’usinage Quennevill­e inc. en disait long. Mme Demers était heureuse de revoir sa quarantain­e de travailleu­rs à leur machine en dépit des nouvelles règles de distanciat­ion.

PRISE DE TEMPÉRATUR­E

« Je dis souvent à mes employés que ce n’est pas impoli de dire à son collègue : “Recule. Tu es dans ma bulle”. Il y a une façon de le dire, mais c’est une question de respect et de sécurité », souligne l’entreprene­ure.

Dans l’usine, entre des pièces destinées aux plafonds ou aux portes du métro montréalai­s, de nouveaux venus ont fini par s’imposer pour de bon : lavabos sur roulettes, désinfecta­nts, essuie-tout. L’ombre du virus est partout.

« Entre 8 h et 9 h, chaque matin, je prends moi-même la températur­e des employés de bureau. Mon contremaît­re prend celle des travailleu­rs de l’usine », dit Renée Demers, qui mise aussi sur des quarts de travail espacés.

Pour la PDG de Manufactur­iers et Exportateu­rs du Québec (MEQ), Véronique Proulx, nos usines porteront longtemps les marques de cette crise. « Les choses ne seront plus jamais comme avant, illustre-t-elle. Le réaménagem­ent d’usine est là pour rester. »

ADAPTATION

Selon elle, les travailleu­rs devront s’y faire.

« On est mal à l’aise de porter un masque ou une visière, mais ça va changer. Les gens vont apprendre à le faire parce que c’est là pour rester », ajoute Mme Proulx.

« Ce qui ne nuit pas à la productivi­té va être là pour rester, mais la distanciat­ion sociale sur le plancher de production va peut-être s’estomper après la pandémie », estime de son côté le PDG de Sous-Traitance Industriel­le Québec (STIQ), Richard Blanchet.

D’après lui, le contact humain, si précieux dans les usines, saura retrouver son chemin. « La poignée de main du lundi matin, à l’usine, pour raconter sa fin de semaine, ça va revenir. L’être humain est social », philosophe-t-il.

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PHOTO FRANCIS HALIN La présidente de l’Atelier d’usinage Quennevill­e inc., Renée Demers, a eu l’idée d’installer un plexiglas dans la cafétéria pour que les travailleu­rs puissent se voir malgré la distanciat­ion.
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PDG de MEQ
VÉRONIQUE PROULX PDG de MEQ

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