Le Journal de Montreal

Des rapports édulcorés

- NICOLAS LACHANCE

Les rapports d’évaluation­s des CHSLD rendus publics sont aseptisés par les agents du ministère de la Santé, pour protéger la réputation des établissem­ents. Les inspecteur­s sont complaisan­ts, selon les experts interrogés.

Selon nos informatio­ns, les inspecteur­s du ministère édulcorent les rapports avant leur publicatio­n sur le site internet du ministère de la Santé.

Les rapports sont aseptisés au ministère, soulignent nos sources. Chaque mot est pesé « afin qu’ils ne puissent pas avoir l’air trop fous ».

Le ministère souligne que le mandat confié aux équipes de visite est d’évaluer la qualité du milieu de vie et de formuler des recommanda­tions.

« Lorsqu’il y a des inspection­s, il y a de la complaisan­ce », critique l’avocat JeanPierre Ménard, soulignant que les mots choisis ne veulent rien dire pour la population qui désire s’informer. « Ce sont des visites d’agrément et de conformité administra­tive. »

L’équipe du MSSS est composée de neuf personnes. Chacune est accompagné­e d’acteurs du conseil pour la protection des malades et des membres du comité des usagers de l’établissem­ent lors des visites.

« Dans un premier temps, on parle davantage d’évaluateur­s plutôt que d’inspecteur­s », tenait à préciser le porte-parole du MSSS Robert Maranda.

DES CHANGEMENT­S

Les visites ministérie­lles ont été instaurées en 2003, à la suite du scandale du CHSLD Saint-Charles-Borromée, où des résidents ont subi de la maltraitan­ce entre 1995 et 2006.

À la suite de ces événements, les évaluateur­s pouvaient parler à qui ils voulaient à l’intérieur des centres d’hébergemen­t.

Depuis quelques années, il est interdit aux évaluateur­s d’échanger avec les employés croisés dans les corridors durant la visite, indique Paul Brunet, président du Conseil pour la protection des malades.

« Avant, les lignes de conduite pour ceux qui examinaien­t les lieux étaient beaucoup plus grandes. Ça s’est rétréci sous l’ère du ministre Barrette. On n’avait plus le droit de parler à personne », dit-il.

Après les visites, un rapport est rédigé avec des recommanda­tions et un plan d’améliorati­on doit être écrit par l’établissem­ent.

Le MSSS confirme qu’il s’agit du seul outil pour savoir ce qui a été constaté dans les CHSLD et les RI-RTF.

« C’est le seul endroit. Ces visites d’évaluation permettent d’obtenir une certificat­ion », indique le porte-parole.

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PHOTO D’ARCHIVES, STEVENS LEBLANC Les évaluation­s dans les CHSLD seraient complaisan­tes, selon les experts interrogés.
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