Le Journal de Montreal

Une Montréalai­se réussit enfin à sortir sa mère du CHSLD infecté

La dame s’en va vivre chez sa fille, qui voulait la rapatrier depuis deux semaines

- ANTOINE LACROIX

Une Montréalai­se qui s’est battue durant près de deux semaines pour pouvoir accueillir chez elle sa mère placée dans un CHSLD infecté à la COVID-19 se réjouit de la voir « reprendre vie » maintenant qu’elle est à la maison.

« C’est tout un soulagemen­t de pouvoir l’avoir avec moi, confie Maria Procopio. Depuis qu’elle est ici, elle rit, elle chante, elle est pleine de vie. Elle nous dit à quel point elle est heureuse de nous revoir. »

À la fin du mois d’avril, Mme Procopio voulait à tout prix faire sortir sa mère, Guarnaccia Giuditta, 92 ans, du CHSLD Saint-Michel, aux prises avec la COVID-19. La maladie n’avait pas encore atteint le troisième étage de l’établissem­ent, où elle avait sa chambre.

La femme de 69 ans avait aménagé chez elle une pièce spécialeme­nt pour recevoir la nonagénair­e, avec un lit thérapeuti­que et un lève-personne. Même un médecin privé avait été réquisitio­nné pour passer à la maison pour faire les suivis de santé.

REFUS DE SORTIR

Or, le Centre intégré universita­ire de santé et de services sociaux (CIUSSS) de l’Est-de-l’Île-de-Montréal lui avait refusé cette demande, invoquant des risques de propagatio­n du coronaviru­s.

« Pour moi, c’était une course contre la montre pour lui sauver la vie. C’était soit elle contractai­t le virus, soit elle mourait,

parce qu’elle avait arrêté de s’alimenter. C’était une période très angoissant­e. J’avais mis une avocate sur le dossier », relate Maria Procopio.

Après plus d’une semaine de démarches, durant laquelle elle envoyait plusieurs courriels par jour aux autorités, dont la ministre de la Santé, Danielle McCann, le CIUSSS lui a finalement permis de venir chercher sa mère.

« Je ne sais pas ce qui a permis qu’ils changent d’idée, mais je suis vraiment contente qu’ils l’aient fait. Ce n’est pas qu’elle était mal traitée là-bas, mais je

craignais de la perdre », explique-t-elle.

Guarnaccia Giuditta est arrivée à domicile jeudi dernier. Elle reprend des forces et est traitée aux petits oignons par ses filles, Maria et Rosa Procopio.

« Elle se réjouit, car elle peut manger de la bonne nourriture traditionn­elle italienne. Ça lui manquait », dit en riant sa fille, Maria.

« Je souhaite à tous les gens qui sont capables de le faire de pouvoir aller chercher leurs proches dans un CHSLD et de les avoir à la maison. C’est vraiment plus rassurant », conclut-elle.

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PHOTO PIERRE-PAUL POULIN Maria (à gauche) et sa soeur, Rosa Procopio, peuvent prendre soin à tour de rôle, dans leur domicile, de leur mère, Guarnaccia Giuditta, 92 ans.
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