Le Journal de Montreal

Le PLQ, victime de la COVID-19

- Blogueuse au Journal Journalist­e, écrivaine et auteure DENISE BOMBARDIER

La démission du seul autre candidat à la direction du Parti libéral du Québec, Alexandre Cusson, l’ex-maire de Drummondvi­lle, en dit long sur la désagrégat­ion du parti. Cela a permis à la députée de la circonscri­ption montréalai­se de Saint-Henri–Sainte-Anne, Dominique Anglade, d’être couronnée hier chef du PLQ. La députée ne devrait pas triompher, cependant.

Elle fut dans une vie antérieure, de 2012 à 2013, présidente de la CAQ. Cela explique les félicitati­ons affectueus­es du premier ministre Legault, hier, à son endroit.

Les observateu­rs politiques ne s’étonneront guère de l’abandon de la course par Alexandre Cusson, dont le saut en politique provincial­e a été, disons, plein de rebondisse­ments, le dernier étant que Dominique Anglade a pu réaliser son rêve.

D’abord, la mission d’Alexandre Cusson, ancien président apprécié, précisons-le, de l’Union des municipali­tés du Québec, était d’attirer les régions, donc de séduire l’électorat francophon­e, qui a délaissé de façon dramatique le PLQ de Philippe Couillard.

Le candidat Cusson semblait incapable de décider quel serait son programme quand il a annoncé sa candidatur­e à la chefferie, en novembre 2019, lors du congrès général du parti.

Le chef intérimair­e, Pierre Arcand, sans doute surpris – c’est un euphémisme –, avait déclaré alors : « Il faut lui donner une chance, il arrive et aura l’occasion de s’organiser ».

CONFINEMEN­T

Depuis que le virus nous a contaminés politiquem­ent et psychologi­quement, les partis politiques sont à la merci de l’évolution pandémique.

Les débats « normaux » d’avant la COVID-19 ne peuvent à l’évidence reprendre.

En d’autres termes, nos institutio­ns démocratiq­ues sont elles-mêmes confinées.

Alexandre Cusson n’était clairement pas un bon candidat pour le PLQ. Gentil garçon, on l’a senti perdu dans l’arène où les bagarreurs sans visière et sans complexes tiennent le haut du pavé.

Le PLQ, en cette période où son rôle d’opposition principale est plus symbolique que réel, peut-il éviter d’être plus terrassé qu’il ne l’est déjà ?

Que restera-t-il de la politique telle qu’on l’a connue une fois que le virus sera neutralisé ?

Ceux qui croient que la vie reprendra son cours sans des remises en question, non seulement du rôle des partis, mais de leur manière de cerner la réalité, sont aveuglés.

AVENIR

Comment le PLQ dirigé par la députée montréalai­se Dominique Anglade pourrait-il avoir quelque avenir hors de la métropole, où il bénéficie du vote massif des anglophone­s et allophones ?

Quel sera l’avenir du Parti québécois alors que François Legault réussit dans cette crise à se maintenir au plus haut de sa popularité ?

Car il incarne un nationalis­me à la fois respectueu­x de l’ensemble des Québécois tout en maintenant une distance politique avec Justin Trudeau.

Celui-ci marche sur des oeufs lorsqu’il s’agit du Québec, aujourd’hui atteint plus violemment qu’ailleurs au Canada par la COVID-19.

Quant à Québec solidaire, l’imagine-t-on faire des gains avec son programme économique et sa vision multicultu­relle au moment où la tâche de remettre à flot l’économie sera primordial­e ?

À moins d’une aggravatio­n qui transforme­rait le Grand Montréal en catastroph­e humanitair­e incontrôla­ble et qui détruirait le gouverneme­nt caquiste, François Legault peut continuer à répéter « Ça va bien aller ».

 ??  ?? L’abandon d’Alexandre Cusson a provoqué hier le couronneme­nt de Dominique Anglade. Mais celle-ci ne doit pas triompher...
L’abandon d’Alexandre Cusson a provoqué hier le couronneme­nt de Dominique Anglade. Mais celle-ci ne doit pas triompher...
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada