Le Dr Horacio Arruda, victime de la télé
De tous les médias, la télévision, qui donne une notoriété quasi instantanée, est sûrement le plus sournois.
Le Dr Horacio Arruda traverse actuellement une forte zone de turbulences. Des turbulences dont il risque fort de ne pas sortir indemne. Jusqu’à ces derniers jours, notre directeur national de la santé publique planait à très haute altitude dans un ciel sans nuages, mais il devra peut-être faire un atterrissage d’urgence, commandé par un premier ministre sagement terre à terre.
Il a suffi de quelques ratés de communication, d’une phrase malheureuse à l’adresse de son homologue du gouvernement fédéral, la Dre Mona Nemer, et depuis quelques heures, d’une danse mal à propos avec le rappeur Rod le Stod, pour que le vol sans histoire du Dr Arruda se heurte à de violents vents contraires.
Il faut qu’il ait accumulé une grosse réserve de sympathie auprès des féministes enragées pour qu’elles ne l’aient pas voué aux gémonies dès qu’il a dit, l’oeil agacé et le ton cassant : « Je ne répondrai pas à madame, étant donné que je n’ai pas à rendre de comptes à cette dame… »
La Dre Nemer n’avait pourtant rien dit de méchant. Elle avait juste fait part de ses inquiétudes sur le déconfinement du Québec, compte tenu de cette fameuse courbe qui ne s’aplanit pas dans la grande région de Montréal. Même les Québécois les plus optimistes s’en inquiètent.
LA JALOUSIE PROFESSIONNELLE
S’agirait-il d’une certaine jalousie du Dr Arruda pour la scientifique en chef du fédéral ? La feuille de route de cette illustre Québécoise d’origine libanaise est beaucoup plus éloquente que la sienne.
À moins que le Dr Arruda ne soit un tantinet macho. Son allure de dandy, ses coquetteries vestimentaires et ses commentaires paternalistes pourraient très bien le laisser croire. Si c’est le cas, pas étonnant qu’il soit agacé par cette « dame » qui a toujours défendu farouchement la place des femmes dans le domaine des sciences et de la technologie.
Depuis que j’ai visionné sur YouTube cette danse insignifiante à laquelle s’est livré le docteur avec le rappeur Rod le Stod, au profit d’organismes qui s’en dissocient, j’invoque plutôt l’hypothèse que notre haut fonctionnaire est gravement contaminé par ses apparitions quasi quotidiennes à la télévision.
SAVOIR SE PROTÉGER SOI-MÊME
Si le cher homme a protégé par ses consignes des millions de Québécois du coronavirus, il n’a pas su évaluer les risques funestes d’une notoriété trop vite acquise, non seulement au Québec, mais à travers le monde. Tous les journaux du pays ont parlé de lui, même les grands quotidiens étrangers, comme Le Figaro.
La notoriété médiatique a contaminé d’autres docteurs avant lui.
Après avoir été de bon conseil durant des années, le Dr Roland Albert, au faîte de sa popularité radiophonique, a fini par tenir des propos si extravagants qu’il fut radié à vie par le Collège des médecins. C’est aussi sa popularité médiatique qui entraîna le Dr Pierre Mailloux dans des dérives qui lui valurent une décennie de démêlés judiciaires.
La courbe de popularité du Dr Horacio Arruda avait atteint son pic. Souhaitons qu’à la suite de ses errances des derniers jours, la courbe ne s’aplatisse pas au point où il ne pourra conserver une part raisonnable de l’énorme capital de sympathie qu’il a accumulé et, disons-le, qu’il avait bien gagné.
J’invoque l’hypothèse que notre haut fonctionnaire est gravement contaminé par ses apparitions quasi quotidiennes à la télévision