Le Journal de Montreal

Le masque n’est pas le niqab

- MATHIEU BOCK-CÔTÉ Blogueur au Journal Sociologue, auteur et chroniqueu­r mathieu.bock-cote@quebecorme­dia.com @mbockcote

Il y a une semaine ou deux, un journalist­e, croyant faire le malin, avait demandé si l’appel au port du masque n’entrait pas en contradict­ion avec la loi 21.

Au même moment, une majorité de Québécois se sont tapés sur la tête en se demandant comment on pouvait être payé pour poser une question aussi bête. François Legault l’avait d’ailleurs balayé du revers de la main.

Mais comme la COVID-19, la connerie est contagieus­e et on a pu entendre à nouveau cette interrogat­ion bancale surgir ces derniers jours, chez les ennemis de la laïcité, qui n’en finissent plus de se trouver de nouvelles raisons pour vomir contre la loi 21.

CONNERIE

Ils s’imaginent que le gouverneme­nt est désormais placé dans une contradict­ion insoutenab­le et pérorent sur la question.

Ces gens-là ne prennent jamais de pause. La haine du nationalis­me est leur carburant. Ils veulent faire passer cela pour de l’humanisme.

Pour reprendre la formule de Michel Audiard, « les cons, ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît ».

Il faut dire que cette mauvaise foi n’est pas exclusive à nos Inclusifs. Ces derniers jours, des multicultu­ralistes américains ont multiplié les commentair­es hostiles contre la France, qui va beaucoup plus loin que le Québec dans la poursuite de la laïcité – elle interdit notamment le port du voile intégral.

Parce que la France oblige désormais le port du masque, mais proscrit le niqab, ils s’imaginent qu’elle dévoile sa xénophobie et son islamophob­ie.

Faut-il vraiment tout expliquer ? Allons-y.

Il y a une différence fondamenta­le entre le foulard islamique, qui représente un refus militant des moeurs occidental­es et de l’identité québécoise et qui institutio­nnalise une ségrégatio­n formelle et symbolique contre les femmes, et un masque sanitaire, imposé pour éviter la contaminat­ion dans une épidémie.

On peut parfaiteme­nt condamner le premier et tout ce qu’il représente et imposer le second parce qu’un nouveau contexte sanitaire l’exige.

En d’autres mots, on peut lutter contre l’intégrisme islamique d’un côté et oeuvrer à la santé de la population en même temps.

Car non, tous les masques ne sont pas interchang­eables. Un bout de tissu n’est pas qu’un bout de tissu.

Il est chargé symbolique­ment, historique­ment et culturelle­ment.

Le voile islamique et le masque sanitaire n’ont pas la même fonction, et il faut faire des pirouettes mentales à s’en démantibul­er l’esprit pour en venir à placer un signe d’équivalenc­e entre les deux.

DISTINCTIO­N

Ne nous trompons pas : il s’agit d’une mauvaise foi intégrale. C’est la même qui pousse certains chroniqueu­rs à nous dire que les Québécois devraient avoir honte d’avoir voulu fermer le chemin Roxham pour stopper l’immigratio­n illégale, parce que plusieurs préposés aux bénéficiai­res, admirables dans leur travail, évidemment, sont passés par là.

Derrière tout cela, on verra une tentative de culpabilis­er les Québécois, encore une fois.

Ces accusation­s minables en disent bien plus sur ceux qui les formulent que sur ceux à qui elles sont adressées.

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Il ne faut pas tout mélanger.
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