Le virus pourrait « ne jamais disparaître », selon l’OMS
La COVID-19 pourrait s’être trop répandue pour être endiguée, disent des experts
La COVID-19 serait pratiquement impossible à endiguer complètement et la population mondiale devra malheureusement s’habituer à ce que le virus fasse partie de sa vie.
C’est ce qu’a confirmé l’Organisation mondiale de la santé cette semaine, alors que bien des spécialistes l’appréhendaient.
« [Le virus], il pourrait ne jamais disparaître », a lancé hier en conférence de presse le directeur des opérations d’urgence sanitaire de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Michael Ryan.
Parmi les experts québécois en épidémiologie, la teneur des propos de l’OMS n’a étonné personne. À voir le nombre de cas se multiplier de jour en jour depuis deux mois dans toutes les régions du monde, tous se doutaient bien que la COVID-19 ferait partie de nos vies à long terme.
« Cette annonce n’est pas surprenante du tout. Dans le cas actuel, avec un virus très contagieux, avec des cas asymptomatiques, des millions de personnes infectées, la capacité d’éradiquer complètement le virus est aujourd’hui quasi nulle », laisse tomber le médecin épidémiologiste de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), Gaston De Serres.
APPRENDRE À VIVRE AVEC
Le constat est frappant. La COVID-19 ne sera pas qu’une petite parenthèse dans notre histoire collective. « On vient de changer d’époque, complètement », lance sans détour la Dre Caroline Quach, microbiologiste-infectiologue et épidémiologiste au CHU Sainte-Justine.
Selon la médecin, la nouvelle vie que nous expérimentons depuis quelques semaines risque fort bien de devenir notre réalité pour quelques années. « Les mesures, la distanciation sociale, le port du masque, on risque de les avoir encore pour deux, trois, quatre ans, le temps qu’on soit tous vaccinés », explique la spécialiste.
« Vraisemblablement, on va devoir apprendre à vivre avec le virus », ajoute Gaston De Serres.
LE VACCIN, SEULE SOLUTION
Déjà identifié comme seule porte de sortie à la crise depuis le départ, le développement d’un vaccin efficace prend une importance encore plus grande après la sortie de l’OMS.
Et l’autre défi sera de vacciner le plus grand nombre de gens possible dans un monde où les campagnes antivaccination ont la cote. « Les gens de l’OMS donnaient l’exemple de la rougeole qu’on n’a pas encore éradiquée même si on a un vaccin. La guerre est loin d’être gagnée », prévient le Dr Denis Leclerc, qui planche lui-même sur un vaccin.
« La vaccination est ce que la médecine a fait de mieux, et ça, c’est un consensus dans le monde médical. Même si un hurluberlu de peu importe où dit que c’est dangereux, il faut souhaiter que les gens s’en remettent à ce consensus de la science », espère le spécialiste.