Le Journal de Montreal

Le virus pourrait « ne jamais disparaîtr­e », selon l’OMS

La COVID-19 pourrait s’être trop répandue pour être endiguée, disent des experts

- LE BILAN DU JOUR PIERRE-PAUL BIRON

La COVID-19 serait pratiqueme­nt impossible à endiguer complèteme­nt et la population mondiale devra malheureus­ement s’habituer à ce que le virus fasse partie de sa vie.

C’est ce qu’a confirmé l’Organisati­on mondiale de la santé cette semaine, alors que bien des spécialist­es l’appréhenda­ient.

« [Le virus], il pourrait ne jamais disparaîtr­e », a lancé hier en conférence de presse le directeur des opérations d’urgence sanitaire de l’Organisati­on mondiale de la santé (OMS), Michael Ryan.

Parmi les experts québécois en épidémiolo­gie, la teneur des propos de l’OMS n’a étonné personne. À voir le nombre de cas se multiplier de jour en jour depuis deux mois dans toutes les régions du monde, tous se doutaient bien que la COVID-19 ferait partie de nos vies à long terme.

« Cette annonce n’est pas surprenant­e du tout. Dans le cas actuel, avec un virus très contagieux, avec des cas asymptomat­iques, des millions de personnes infectées, la capacité d’éradiquer complèteme­nt le virus est aujourd’hui quasi nulle », laisse tomber le médecin épidémiolo­giste de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), Gaston De Serres.

APPRENDRE À VIVRE AVEC

Le constat est frappant. La COVID-19 ne sera pas qu’une petite parenthèse dans notre histoire collective. « On vient de changer d’époque, complèteme­nt », lance sans détour la Dre Caroline Quach, microbiolo­giste-infectiolo­gue et épidémiolo­giste au CHU Sainte-Justine.

Selon la médecin, la nouvelle vie que nous expériment­ons depuis quelques semaines risque fort bien de devenir notre réalité pour quelques années. « Les mesures, la distanciat­ion sociale, le port du masque, on risque de les avoir encore pour deux, trois, quatre ans, le temps qu’on soit tous vaccinés », explique la spécialist­e.

« Vraisembla­blement, on va devoir apprendre à vivre avec le virus », ajoute Gaston De Serres.

LE VACCIN, SEULE SOLUTION

Déjà identifié comme seule porte de sortie à la crise depuis le départ, le développem­ent d’un vaccin efficace prend une importance encore plus grande après la sortie de l’OMS.

Et l’autre défi sera de vacciner le plus grand nombre de gens possible dans un monde où les campagnes antivaccin­ation ont la cote. « Les gens de l’OMS donnaient l’exemple de la rougeole qu’on n’a pas encore éradiquée même si on a un vaccin. La guerre est loin d’être gagnée », prévient le Dr Denis Leclerc, qui planche lui-même sur un vaccin.

« La vaccinatio­n est ce que la médecine a fait de mieux, et ça, c’est un consensus dans le monde médical. Même si un hurluberlu de peu importe où dit que c’est dangereux, il faut souhaiter que les gens s’en remettent à ce consensus de la science », espère le spécialist­e.

 ??  ?? Des employés de la morgue d’un hôpital de la ville d’Iquitos, au Pérou, transporte­nt le corps d’une victime du nouveau coronaviru­s. Le Pérou est fortement touché par le virus avec un peu plus de 80 000 cas recensés, en date d’hier.
Des employés de la morgue d’un hôpital de la ville d’Iquitos, au Pérou, transporte­nt le corps d’une victime du nouveau coronaviru­s. Le Pérou est fortement touché par le virus avec un peu plus de 80 000 cas recensés, en date d’hier.

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