Le Journal de Montreal

La quête d’un vaccin divise

Les tensions entre Washington et Pékin ont de nouveau augmenté

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WASHINGTON | (AFP) Entre les rivalités américano-européenne­s sur un futur vaccin et de nouvelles tensions entre Donald Trump et la Chine, les divisions entre grandes puissances se sont approfondi­es hier dans la lutte contre la pandémie de la COVID-19 qui a désormais fait plus de 300 000 morts dans le monde.

Outre les ravages humains, le coronaviru­s continue de mettre à bas les économies mondiales.

Pour stopper l’hémorragie, le président Trump assène qu’il est temps de « retourner au travail », alors que la moitié des États américains ont commencé à reprendre une partie de leurs activités commercial­es.

La récession a déjà frappé de nombreux pays : en Italie, des millions de « nouveaux pauvres » ont fait leur apparition et en Inde, le confinemen­t a provoqué un exode de travailleu­rs migrants, petites mains des grandes villes privées de leur gagne-pain.

Mais la solution que tous attendent est un vaccin contre le virus apparu en décembre en Chine.

Au vu des efforts déployés, celui-ci pourrait être disponible dans un an, a estimé hier l’Agence européenne du Médicament (EMA). Il s’agit d’une perspectiv­e « optimiste », a nuancé Marco Cavaleri, directeur de la stratégie à l’EMA, dont le siège est à La Haye.

Plus de 100 projets ont été lancés dans le monde et une dizaine d’essais cliniques sont en cours pour tenter de trouver un remède contre la maladie.

CONVOITISE­S

Mais le sujet aiguise les convoitise­s et les rivalités.

Le géant pharmaceut­ique français Sanofi a provoqué l’indignatio­n en Europe en annonçant qu’il distribuer­ait un éventuel vaccin en priorité aux États-Unis, qui ont investi 30 millions de dollars pour soutenir ses recherches.

Le président français Emmanuel Macron a réclamé qu’un vaccin ne soit pas soumis « aux lois du marché » tandis qu’un porte-parole de la Commission européenne a estimé qu’il « doit être un bien d’utilité publique et son accès doit être équitable et universel ».

Un vaccin ou un traitement contre la COVID-19 devrait même être fourni « gratuiteme­nt à tous », insistent plus de 140 personnali­tés, dont le président sud-africain Cyril Ramaphosa et le premier ministre pakistanai­s Imran Khan dans une lettre ouverte.

Quant à l’essai clinique Discovery lancé en Europe fin mars pour trouver un traitement à défaut de vaccin, il piétine, ont indiqué des chercheurs.

« DIFFAMATIO­N »

À Washington, Donald Trump s’est de nouveau emporté contre la Chine, accusée d’avoir caché l’ampleur de l’épidémie sur son sol.

« Ils auraient pu l’arrêter (le virus) en Chine, d’où il est venu », a-t-il dit hier, en menaçant de « rompre toute relation » avec Pékin et assuré qu’il refusait désormais de parler à son homologue Xi Jinping.

La Chine affirme avoir transmis le plus vite possible toutes les informatio­ns sur l’épidémie à l’OMS et à d’autres pays, dont les États-Unis.

Pour Washington, le régime chinois tente également de pirater la recherche américaine sur un vaccin, une accusation qualifiée de « diffamatio­n » par Pékin.

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