Le Journal de Montreal

Mes craintes au sujet de l’aide de 500 millions $ au Cirque du Soleil

- Michel Girard

Quelle coïncidenc­e extraordin­aire ! Mercredi matin, dans une lettre ouverte envoyée aux médias, Guy Laliberté nous annonce qu’il étudie la possibilit­é de redevenir actif au sein du Cirque du Soleil, et ce, à peine quelques mois après avoir vendu, par l’entremise de sa société enregistré­e dans les îles Caïmans, sa part de 10 % à la Caisse de dépôt et placement du Québec.

Tant qu’à risquer 500 millions $, que le gouverneme­nt Legault fasse tout en son possible pour rapatrier le contrôle du Cirque

Et le soir même, l’agence de presse américaine Bloomberg nous apprend que le gouverneme­nt de François Legault, par le truchement d’Investisse­ment Québec, s’apprêterai­t à octroyer au Cirque un prêt de 500 millions de dollars afin de l’aider à survivre financière­ment.

Pour vous montrer l’ampleur de ce prêt de 500 millions $, sachez que ce montant représente à lui seul le double du montant (254 millions $) que le gouverneme­nt Legault entend consacrer cette année aux programmes d’aide financière destinés aux 140 000 artisans de la culture et

des communicat­ions au Québec.

Cela dit, si le Cirque du Soleil se retrouve aujourd’hui au bord de la faillite, c’est notamment en raison de l’énorme surendette­ment de 900 millions $ US auquel il fait face.

Ce surendette­ment excessif est attribuabl­e à la stratégie de financemen­t que l’actionnair­e principal (le fonds américain TPG) a mise en place pour mettre le grappin en 2015 sur le Cirque, avec ses deux partenaire­s, le fonds chinois Fosun et la Caisse de dépôt et placement.

Il n’y a pas de doute que la suspension des spectacles du Cirque à travers le monde en fragilise les

finances. Mais cette fragilisat­ion est grandement accentuée par

le surendette­ment excessif du Cirque. Qu’on ne nous leurre pas !

QUESTIONS À FRANÇOIS LEGAULT

1 Où est la pertinence une entreprise d’aider « québécoise financière­ment » dont les deux principaux actionnair­es en exercent le contrôle par l’entremise de filiales enregistré­es dans les îles Caïmans, soit TPG VII CDS Holdings, de TPG, et CMF Circus, de Fosun ? 2 À quoi les 500 millions $ de prêt vont-ils servir ? À rembourser les frais d’intérêt sur les 900 millions $ US de dettes, lesquelles sont détenues en majorité par des banquiers américains ? À continuer de verser des rémunérati­ons élevées aux dirigeants du Cirque du Soleil, tout en ne versant pas les indemnités de départ à des employés mis à pied ? 3 À quel taux d’intérêt ledit prêt de 500 millions $ sera-t-il consenti ? À0%,1%,2%,3%ouplus? 4 Parlons-nous d’un prêt garanti ? Si oui, sur quels actifs exactement ? La question est d’autant importante que les actionnair­es du Cirque viennent d’avancer 50 millions $ US additionne­ls en grevant un paquet d’actifs.

UNE MEILLEURE SOLUTION

Mais au lieu de prêter 500 millions $ à un Cirque du Soleil contrôlé par des sociétés installées aux îles Caïmans, pourquoi le gouverneme­nt Legault, par l’entremise d’Investisse­ment Québec, ne s’associe-t-il pas avec des investisse­urs québécois aguerris pour racheter la participat­ion des actionnair­es étrangers en vue de ramener le Cirque sous le contrôle québécois ?

Tant qu’à risquer 500 millions $, que le gouverneme­nt Legault fasse tout en son possible pour rapatrier le contrôle du Cirque au Québec !

 ?? PHOTOS D’ARCHIVES, PIERRE-PAUL POULIN ET COURTOISIE ?? Le cofondateu­r du Cirque du Soleil, Guy Laliberté, qui envisage de redevenir actif au sein de l’organisati­on et son PDG Daniel Lamarre, qui disait, tout récemment, être en négociatio­n avec le gouverneme­nt du Québec pour l’obtention d’une aide.
PHOTOS D’ARCHIVES, PIERRE-PAUL POULIN ET COURTOISIE Le cofondateu­r du Cirque du Soleil, Guy Laliberté, qui envisage de redevenir actif au sein de l’organisati­on et son PDG Daniel Lamarre, qui disait, tout récemment, être en négociatio­n avec le gouverneme­nt du Québec pour l’obtention d’une aide.
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