Mes craintes au sujet de l’aide de 500 millions $ au Cirque du Soleil
Quelle coïncidence extraordinaire ! Mercredi matin, dans une lettre ouverte envoyée aux médias, Guy Laliberté nous annonce qu’il étudie la possibilité de redevenir actif au sein du Cirque du Soleil, et ce, à peine quelques mois après avoir vendu, par l’entremise de sa société enregistrée dans les îles Caïmans, sa part de 10 % à la Caisse de dépôt et placement du Québec.
Tant qu’à risquer 500 millions $, que le gouvernement Legault fasse tout en son possible pour rapatrier le contrôle du Cirque
Et le soir même, l’agence de presse américaine Bloomberg nous apprend que le gouvernement de François Legault, par le truchement d’Investissement Québec, s’apprêterait à octroyer au Cirque un prêt de 500 millions de dollars afin de l’aider à survivre financièrement.
Pour vous montrer l’ampleur de ce prêt de 500 millions $, sachez que ce montant représente à lui seul le double du montant (254 millions $) que le gouvernement Legault entend consacrer cette année aux programmes d’aide financière destinés aux 140 000 artisans de la culture et
des communications au Québec.
Cela dit, si le Cirque du Soleil se retrouve aujourd’hui au bord de la faillite, c’est notamment en raison de l’énorme surendettement de 900 millions $ US auquel il fait face.
Ce surendettement excessif est attribuable à la stratégie de financement que l’actionnaire principal (le fonds américain TPG) a mise en place pour mettre le grappin en 2015 sur le Cirque, avec ses deux partenaires, le fonds chinois Fosun et la Caisse de dépôt et placement.
Il n’y a pas de doute que la suspension des spectacles du Cirque à travers le monde en fragilise les
finances. Mais cette fragilisation est grandement accentuée par
le surendettement excessif du Cirque. Qu’on ne nous leurre pas !
QUESTIONS À FRANÇOIS LEGAULT
1 Où est la pertinence une entreprise d’aider « québécoise financièrement » dont les deux principaux actionnaires en exercent le contrôle par l’entremise de filiales enregistrées dans les îles Caïmans, soit TPG VII CDS Holdings, de TPG, et CMF Circus, de Fosun ? 2 À quoi les 500 millions $ de prêt vont-ils servir ? À rembourser les frais d’intérêt sur les 900 millions $ US de dettes, lesquelles sont détenues en majorité par des banquiers américains ? À continuer de verser des rémunérations élevées aux dirigeants du Cirque du Soleil, tout en ne versant pas les indemnités de départ à des employés mis à pied ? 3 À quel taux d’intérêt ledit prêt de 500 millions $ sera-t-il consenti ? À0%,1%,2%,3%ouplus? 4 Parlons-nous d’un prêt garanti ? Si oui, sur quels actifs exactement ? La question est d’autant importante que les actionnaires du Cirque viennent d’avancer 50 millions $ US additionnels en grevant un paquet d’actifs.
UNE MEILLEURE SOLUTION
Mais au lieu de prêter 500 millions $ à un Cirque du Soleil contrôlé par des sociétés installées aux îles Caïmans, pourquoi le gouvernement Legault, par l’entremise d’Investissement Québec, ne s’associe-t-il pas avec des investisseurs québécois aguerris pour racheter la participation des actionnaires étrangers en vue de ramener le Cirque sous le contrôle québécois ?
Tant qu’à risquer 500 millions $, que le gouvernement Legault fasse tout en son possible pour rapatrier le contrôle du Cirque au Québec !