Le Journal de Montreal

C’est la faute aux médias ?

- SOPHIE DUROCHER sophie.durocher @quebecorme­dia.com Devoir cheerleade­rs. it out”, “check

Mercredi, en plein point de presse, le premier ministre François Legault s’en est pris à un média et à un journalist­e. Étant donné que, selon un sondage Léger, les non-francophon­es sont plus inquiets que les francos au sujet du déconfinem­ent, François Legault a laissé entendre que le journalist­e qui couvre la santé au Montreal Gazette, Aaron Derfel, avait une part de responsabi­lité dans ce climat de peur.

Ce n’est pas la faute de M. Derfel (ni celle d’aucun autre journalist­e québécois) si les nouvelles sont mauvaises en ce moment.

Il me semble qu’on est ici en présence d’un cas classique de « tirez sur le messager ».

Monsieur Legault va-t-il prendre en grippe les journalist­es comme un certain président américain ?

LE QUATRIÈME POUVOIR

Au Québec, depuis le début de la pandémie, les journalist­es, tous médias confondus, font un boulot impression­nant. Essentiel.

La plupart du temps, ils nous donnent l’heure juste en venant vérifier (et dans certains cas contredire) les informatio­ns un peu trop jovialiste­s des points de presse du trio de 13 h.

Si le gouverneme­nt nous dit qu’on fait 9000 ou 14 000 tests, on a besoin qu’un journalist­e nous dise qu’en réalité il ne s’en fait que 6000.

Quand le gouverneme­nt nous dit que le personnel soignant ne manque pas d’équipement de protection, ça nous prend des journalist­es pour prouver qu’en réalité, ils en manquent cruellemen­t.

Quand la ministre nous dit qu’il n’y a plus de transfert de personnel d’un centre d’hébergemen­t à un autre, heureuseme­nt qu’on a des journalist­es qui fouillent pour découvrir que c’est le contraire qui se passe sur le terrain.

Hier, à mon émission à QUB radio, j’ai parlé à Aaron Derfel qui était encore estomaqué d’avoir été pris à partie par le PM.

« C’était un peu gênant, malheureux, dommage. »

Monsieur Derfel ne dit pas que le PM se trompe… mais plutôt que son entourage ne le tient pas bien informé de la réalité sur le terrain.

Avant-hier, c’est Aaron Derfel qui a été le paratonner­re de la mauvaise humeur du PM.

Demain, est-ce que ce sera Félix Séguin du bureau d’enquête de QMI… ou Marco Bélair-Cirino du ?

Mes collègues vontils se faire reprocher de sortir des histoires qui déplaisent, de poser des questions difficiles ou encore de braquer les projecteur­s sur le bordel qui règne dans le milieu de la santé ?

CHECK IT OUT !

Les journalist­es ne sont pas des courroies de transmissi­on...

Les journalist­es ne sont pas des courroies de transmissi­on ni des Leur rôle, c’est de fouiller, de vérifier, de gratter le bobo. Bref, d’aller en coulisse pendant que la pièce de théâtre se déroule devant les caméras.

Comme on me l’apprenait quand je faisais ma maîtrise en journalism­e à l’université Columbia, à New York : « Si ta mère te dit qu’elle t’aime,

vérifie l’info ». J’aurais envie d’adapter le slogan pour la COVID-19 : « Si le premier ministre te dit que ça va bien dans les CHSLD, si le directeur de la santé publique te dit que le masque n’est pas nécessaire ou si la ministre de la Santé te dit que la situation est sous contrôle dans tel hôpital… vérifie l’info ».

C’est ça, notre seule et unique « responsabi­lité ».

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