Le Journal de Montreal

Rejeté d’une étude parce qu’il est gai

Un acteur montréalai­s rétabli de la COVID-19 n’a pas pu donner du plasma sanguin à Héma-Québec

- AMÉLIE ST-YVES

Un homme écarté d’une étude sur un traitement contre la COVID-19 à cause de son orientatio­n sexuelle aurait cru qu’en pleine pandémie, son homosexual­ité n’aurait pas posé problème.

« J’ai cru que la situation était tellement sans précédent que ça ne compterait pas », relate Adam Capriolo.

Le Montréalai­s de 27 ans a contracté la COVID-19 fin mars, et l’a vécue comme une bonne grippe, avec fièvre et frissons, sans plus.

L’acteur s’est porté volontaire pour une étude à laquelle participe Héma-Québec (voir ci-contre), qui doit recueillir du plasma de patients guéris.

Il a soumis sa candidatur­e en ligne il y a environ deux semaines, et a reçu un appel mardi dernier.

« Au bout d’environ trois questions, ils m’ont demandé si j’avais eu des relations homosexuel­les dans les trois derniers mois. J’ai dit oui. Ils m’ont immédiatem­ent disqualifi­é », déplore M. Capriolo.

Il connaissai­t les politiques d’Héma-Québec pour les dons de sang, qui éliminent les hommes ayant eu des relations sexuelles avec d’autres hommes dans les trois derniers mois, mais ne s’était pas arrêté à ça.

« C’est frustrant de savoir que quelqu’un rejette l’aide de quelqu’un d’autre à cause d’une politique que je considère datée et dépassée », regrette-t-il.

M. Capriolo a lancé une pétition pour qu’HémaQuébec ajuste ses façons de faire. Plus de 1700 personnes l’ont signée la dernière semaine.

« Peut-être que si ce n’était pas sur l’orientatio­n sexuelle, mais plutôt sur le sexe avec pénétratio­n non protégée, ce serait plus égalitaire », lance-t-il.

Le vice-président aux affaires médicales et innovation pour Héma-Québec, Marc Germain, affirme que malheureus­ement, les homosexuel­s constituen­t la population la plus à risque d’avoir le virus de l’immunodéfi­cience humaine (VIH).

PÉRIODE MUETTE

Par ailleurs, même si tous les dons sont testés, il y a toujours une phase au début d’une infection où le test ne peut pas la détecter.

« Et si cette personne-là donne son sang pendant cette période, elle est à risque de transmettr­e le VIH, alors que le test est négatif », explique le Dr Germain.

Il consent que le même problème se pose pour les hétérosexu­els, mais affirme que le taux de risque est marginal auprès de cette population, soit environ une chance sur 30 millions.

Le Dr Germain souligne qu’une douzaine d’études sont en cours au pays pour éventuelle­ment assouplir les critères envers les hommes gais qui ont, par exemple, une relation stable.

« S’ils nous disent que la science exige ça, on va continuer comme ça, mais on va avoir besoin de preuves », a dit la directrice générale du Conseil québécois LGBT, Marie-Pier Boisvert.

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