Le Journal de Montreal

Profiter de la crise pour réduire l’évasion

- SYLVAIN LAROCQUE

La crise sans précédent que nous vivons doit être l’occasion de mettre en place des mécanismes pour réduire l’évasion fiscale, soutiennen­t deux professeur­s de gestion de l’UQAM.

Dans un texte d’opinion publié par le Centre interunive­rsitaire de recherche en analyse des organisati­ons (CIRANO), Jean-Denis Garon et Julien Martin mettent de l’avant trois solutions : imposer les profits excédentai­res des multinatio­nales qui bénéficien­t de la pandémie, notamment les pharmaceut­iques et les géants du numérique, établir un taux minimal d’imposition et réduire l’aide gouverneme­ntale aux entreprise­s « délinquant­es ».

TAUX MINIMAL D’IMPOSITION

« Des propositio­ns de ce type, pendant longtemps, on a dit que ce n’était pas possible, mais là on est dans un monde où on se rend compte que ce qui était impensable il y a deux mois devient finalement pensable », note M. Martin.

« Face à tout l’argent qui est en train d’être investi par les gouverneme­nts et au manque de financemen­t de certains services publics, il faut que chacun contribue sa juste part, ajoute-t-il. [...] Ce n’est pas possible que des entreprise­s fassent autant de profits quand tout va bien, sans trop payer d’impôt, et quand ça va mal, elles reçoivent des aides du gouverneme­nt. »

L’établissem­ent d’un taux minimal d’imposition, de 20 % par exemple, permettrai­t de faire payer les multinatio­nales qui recourent aux paradis fiscaux pour réduire leurs impôts.

UNE ASSURANCE

Rappelons qu’en 2014, Québec a versé 12 millions $ en subvention­s à Aldo et lui a consenti un prêt sans intérêt de 40 millions $.

« Aldo fait face à la faillite, mais elle ne va pas demander de l’argent au Luxembourg ni à la Suisse, relève Julien Martin. Elle va se tourner vers le gouverneme­nt québécois. L’impôt, c’est une forme d’assurance : les entreprise­s contribuen­t quand ça va bien, et quand ça va moins bien, l’État les aide. Mais pour qu’on les aide quand ça va moins bien, il faut qu’elles aient contribué quand ça allait bien. »

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