Le Journal de Montreal

L’acteur Michel Piccoli n’est plus

- Mépris

AFP | Monstre sacré à l’écran, grand pudique dans la vie, le comédien français Michel Piccoli est décédé à 94 ans, après une carrière de près de 60 ans où il a incarné des personnage­s sombrement extravagan­ts, comme des séducteurs bouleversé­s par « les choses de la vie ».

Avec lui se tourne une page du cinéma européen ainsi que toute une époque : celle des Trente Glorieuses, des films de Sautet et de Buñuel, des repas s’éternisant durant des heures et des hommes discutant clope au bec.

Son regard saisi quelques secondes avant l’accident de voiture dans Les choses de la vie

(1970) de Claude Sautet, dont il a été un des comédiens fétiches, faisait partie des photos largement relayées sur les réseaux sociaux après l’annonce de son décès.

Ainsi que celle tirée du –le film de Jean-Luc Godard qui l’a révélé en 1963 – où il est assis sur le rebord de la baignoire, chapeau sur la tête, aux côtés de Brigitte Bardot.

Il « s’est éteint le 12 mai dans les bras de sa femme Ludivine et de ses jeunes enfants Inord et Missia, des suites d’un accident cérébral », a indiqué sa famille hier, sans donner plus de détails.

JUSTESSE

« Toutes ces années de cinéma, la magistrale présence de Michel Piccoli nous a si bien accompagné­s... Grand vide, immense tristesse », lui a rendu hommage le Festival de Cannes.

« On ne dirigeait pas Piccoli. On le filmait. C’était inutile de lui donner des indication­s de jeu. Le personnage qu’il interpréta­it le guidait. Il accueillai­t l’évidence des choses de la vie », a réagi son ami Gilles Jacob.

« “Faire” est devenu plus difficile avec l’âge et la mémoire qui flanche : Je suis comme un stylo qui n’a plus d’encre, et je me mets à râler comme un fou : “Où est mon encre ?” », confiait alors le comédien, absent des écrans depuis sa participat­ion à Holy Motors de Leos Carax et surtout Habemus Papam de Nanni Moretti, où il incarnait un pape en proie au doute.

« Je choisis les auteurs ou les textes ou les metteurs en scène, mais les rôles, ça m’est tout à fait égal. Quand on joue la comédie, il faut arriver à faire les choses, même parfois les plus extravagan­tes, mais qui puissent paraître évidentes », soulignait celui qui aimait jouer la provocatio­n, chez Buñuel (Belle de jour, Le journal d’une femme de chambre et La grande bouffe).

Prix d’interpréta­tion au Festival de Cannes pour Le saut dans le vide de Marco Bellochio en 1980, il a été nommé quatre fois aux César, mais jamais récompensé.

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Michel Piccoli
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