Au revoir, madame Michelle Rossignol
De Speak White aux Dames de coeur, la comédienne a marqué la culture québécoise
À la source de la création du célèbre poème Speak White et membre de l’inoubliable quatuor du téléroman Des dames de coeur, la comédienne Michelle Rossignol, décédée hier matin, à l’âge de 80 ans, s’envole en laissant une empreinte indélébile sur la culture québécoise.
Après Monique Mercure la veille, le Québec a donc perdu une autre comédienne importante. Elle a succombé à un cancer qu’elle combattait depuis quelques années.
En plus de cinquante ans de carrière, Michelle Rossignol a brillé au petit et au grand écran de même que sur les planches dans des dizaines de productions. Directrice du Théâtre d’Aujourd’hui pendant dix ans et enseignante pendant une quinzaine d’années à l’École nationale de théâtre du Canada, elle a été décorée de l’Ordre du Canada, en 1991, puis de l’Ordre national du Québec, en 2001.
«CHOC»
Dans la mémoire du public, elle restera sans aucun doute associée à son rôle de Véronique O’Neill dans le populaire téléroman Des dames de coeur, qui a tenu l’antenne de 1986 à 1989.
« C’est un gros choc », a confié Andrée Boucher, la seule survivante du quatuor qui était complété par Luce Guilbault et Louise Rémy. Même si elles ne se fréquentaient pas dans la vie, Andrée Boucher garde un bon souvenir du temps passé avec la défunte sur le plateau de tournage. « C’était une grande professionnelle qui était très exigeante avec elle-même et les autres. » « Tu étais fougueuse, vive et tellement talentueuse », a partagé Sylvie Payette, la fille de l’auteure des Dames de
coeur, Lise Payette, sur les réseaux sociaux. Le premier ministre François Legault a aussi tenu à souligner le départ d’une de nos grandes comédiennes.
SPEAK WHITE
L’histoire est rarem ent relatée. En 1968, Michelle Rossignol, alors jeune comédienne qui avait fait ses débuts dans Le
survenant durant les années 1950, avant d’enchaîner les rôles à la télé, avait demandé à Michèle Lalonde de lui écrire un texte pour l’événement Chansons et poèmes de la résistance.
C’est donc elle, la première, qui avait lu en public le retentissant Speak White, et en avait fait un triomphe.
« C’est un texte important qui a mené à la fondation du Parti québécois », relate l’historien Denis Angers.
Repris par son auteure lors de La grande
nuit de la poésie, deux ans plus tard, le poème avait été immortalisé par la caméra de Jean-Claude Labrecque, et c’est cette version qui subsiste dans l’imaginaire collectif.
Ce même soir de mars 1970, au Gesù, Michelle Rossignol, Michèle Lalonde et Michel Garneau uniront leurs voix pour livrer Panneau-réclame.