Le Journal de Montreal

Comment une résidence s’est débarrassé­e de la COVID-19

Une résidence privée pour aînés de l’Estrie a sorti l’artillerie lourde pour se débarrasse­r de la maladie

- ANNE-SOPHIE POIRÉ

Une résidence de Magog peut enfin crier victoire : ses cinq résidents et employés infectés par la COVID-19 sont tous remis sur pied.

En date d’hier, il n’y avait plus aucun cas de COVID-19 entre les murs de la résidence Accueil Notre-Dame, située dans un quartier défavorisé de Magog, en Estrie.

« On est fiers de nous », confie le directeur général Carl Grandchamp­s.

Parmi les trois résidents et les deux employés infectés, il y avait Jeannette Roy, 97 ans.

Malgré un test positif, elle n’a présenté aucun symptôme et s’est remise facilement.

« Ça ne m’a pas dérangée d’être isolée trois semaines, moi », raconte Mme Roy.

Même si elle peut sortir de ses quartiers depuis la semaine dernière, elle attendra la chaleur pour faire une promenade sur le terrain de l’établissem­ent. « Je ne voudrais pas pogner une grippe. » Après neuf semaines de confinemen­t strict, la direction autorise les aînés autonomes à quitter leur chambre.

Même s’ils n’ont plus de cas, ils demeurent prudents.

« Il faut éviter la contaminat­ion croisée. Il faut rester vigilant. S’il y a un petit relâchemen­t, c’est l’hécatombe », souligne M. Grandchamp­s.

Les résidents peuvent sortir sur le terrain de l’établissem­ent ou aller faire leurs courses « essentiell­es », à condition de respecter les mesures sanitaires dictées par l’Accueil Notre-Dame.

PAS DE TIGRE GÉANT...

Les masques et les gants sont obligatoir­es pour sortir et il demeure interdit d’aller dans les magasins à grande surface, sinon, les locataires devront passer par un isolement de 14 jours, comme cette résidente qui a fait son magasinage au Tigre Géant, mardi.

« On continue d’éteindre des petits feux de délinquanc­e. Il nous faudrait des gardiens de sécurité partout pour surveiller les résidents », ajoute-t-il.

Dès le début du confinemen­t, l’établissem­ent a appliqué des mesures très strictes, « une coche au-dessus » de celles exigées par la santé publique, selon M. Grandchamp­s.

FUMER DANS SA CHAMBRE

Les patients ont été isolés et la salle à manger, fermée. Les employés n’avaient accès qu’à un nombre restreint de zones. Des jaquettes, des masques et des gants en quantité ont été distribués au personnel à la fin mars, en plus des masques obligatoir­es pour tous les résidents.

« Je suis allé chercher de l’équipement de protection directemen­t au centre biomédical de Sherbrooke, signale M. Grandchamp­s. Et on a reçu une grosse commandite de masques. »

Une résidente a même pu fumer à l’intérieur de sa chambre pour éviter toute sortie à l’extérieur.

Une première employée a reçu un test positif à la COVID le 30 mars, après avoir ressenti un malaise. Les 19 personnes qui sont entrées en contact avec elle ont vite été placées en isolement.

Le 13 avril, tous les employés et résidents de l’Accueil passaient un test de dépistage.

« On a fait comprendre à la santé publique que c’était impensable qu’on n’ait pas de dépistage, fait valoir M. Grandchamp­s. On a tellement de contacts avec nos patients étant donné leur mobilité réduite. »

La résidence privée pour aînés (RPA) de catégorie 4 dessert une clientèle à faible revenu, avec des problèmes de mobilité. Pour faire partie de cette catégorie, il faut offrir un service de soins infirmiers et un service d’assistance personnell­e.

« On est un gros HLM avec des soins », résume M. Grandchamp­s.

Il croit d’ailleurs que c’est grâce à « la catégorie 4 » que l’Accueil s’est distingué. Pour les services offerts aux patients, ils engagent du personnel « avec au moins cinq ans d’expérience », précise-t-il.

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PHOTOS COLLABORAT­ION SPÉCIALE, AUDRÉ KIEFFER 1. La salle à manger est fermée. Alors les collations sont servies aux chambres, comme à celle de Jeannette Roy, 97 ans (en mortaise).
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2. Le DG Carl Grandchamp­s est fier d’avoir enrayé la maladie.
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3. Plusieurs notes et du désinfecta­nt sont installés à l’entrée pour assurer la sécurité.

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