Comment une résidence s’est débarrassée de la COVID-19
Une résidence privée pour aînés de l’Estrie a sorti l’artillerie lourde pour se débarrasser de la maladie
Une résidence de Magog peut enfin crier victoire : ses cinq résidents et employés infectés par la COVID-19 sont tous remis sur pied.
En date d’hier, il n’y avait plus aucun cas de COVID-19 entre les murs de la résidence Accueil Notre-Dame, située dans un quartier défavorisé de Magog, en Estrie.
« On est fiers de nous », confie le directeur général Carl Grandchamps.
Parmi les trois résidents et les deux employés infectés, il y avait Jeannette Roy, 97 ans.
Malgré un test positif, elle n’a présenté aucun symptôme et s’est remise facilement.
« Ça ne m’a pas dérangée d’être isolée trois semaines, moi », raconte Mme Roy.
Même si elle peut sortir de ses quartiers depuis la semaine dernière, elle attendra la chaleur pour faire une promenade sur le terrain de l’établissement. « Je ne voudrais pas pogner une grippe. » Après neuf semaines de confinement strict, la direction autorise les aînés autonomes à quitter leur chambre.
Même s’ils n’ont plus de cas, ils demeurent prudents.
« Il faut éviter la contamination croisée. Il faut rester vigilant. S’il y a un petit relâchement, c’est l’hécatombe », souligne M. Grandchamps.
Les résidents peuvent sortir sur le terrain de l’établissement ou aller faire leurs courses « essentielles », à condition de respecter les mesures sanitaires dictées par l’Accueil Notre-Dame.
PAS DE TIGRE GÉANT...
Les masques et les gants sont obligatoires pour sortir et il demeure interdit d’aller dans les magasins à grande surface, sinon, les locataires devront passer par un isolement de 14 jours, comme cette résidente qui a fait son magasinage au Tigre Géant, mardi.
« On continue d’éteindre des petits feux de délinquance. Il nous faudrait des gardiens de sécurité partout pour surveiller les résidents », ajoute-t-il.
Dès le début du confinement, l’établissement a appliqué des mesures très strictes, « une coche au-dessus » de celles exigées par la santé publique, selon M. Grandchamps.
FUMER DANS SA CHAMBRE
Les patients ont été isolés et la salle à manger, fermée. Les employés n’avaient accès qu’à un nombre restreint de zones. Des jaquettes, des masques et des gants en quantité ont été distribués au personnel à la fin mars, en plus des masques obligatoires pour tous les résidents.
« Je suis allé chercher de l’équipement de protection directement au centre biomédical de Sherbrooke, signale M. Grandchamps. Et on a reçu une grosse commandite de masques. »
Une résidente a même pu fumer à l’intérieur de sa chambre pour éviter toute sortie à l’extérieur.
Une première employée a reçu un test positif à la COVID le 30 mars, après avoir ressenti un malaise. Les 19 personnes qui sont entrées en contact avec elle ont vite été placées en isolement.
Le 13 avril, tous les employés et résidents de l’Accueil passaient un test de dépistage.
« On a fait comprendre à la santé publique que c’était impensable qu’on n’ait pas de dépistage, fait valoir M. Grandchamps. On a tellement de contacts avec nos patients étant donné leur mobilité réduite. »
La résidence privée pour aînés (RPA) de catégorie 4 dessert une clientèle à faible revenu, avec des problèmes de mobilité. Pour faire partie de cette catégorie, il faut offrir un service de soins infirmiers et un service d’assistance personnelle.
« On est un gros HLM avec des soins », résume M. Grandchamps.
Il croit d’ailleurs que c’est grâce à « la catégorie 4 » que l’Accueil s’est distingué. Pour les services offerts aux patients, ils engagent du personnel « avec au moins cinq ans d’expérience », précise-t-il.