Un vétéran meurt d’une chute après avoir vaincu le coronavirus
André Falardeau, 98 ans, avait survécu aux Allemands lors de la Deuxième Guerre mondiale
Victime du destin, un survivant de la Seconde Guerre mondiale âgé de 98 ans et récemment guéri de la COVID-19 est mort à la suite d’une chute lundi au CHSLD Paul-Triquet, à Québec.
Habitué à combattre des adversaires coriaces, André Falardeau avait réussi à vaincre le coronavirus, même en habitant dans l’un des CHSLD les plus durement touchés dans la Capitale-Nationale. Le Journal se préparait d’ailleurs à rendre hommage à cet homme de fer pour sa combativité.
« Il a fait une chute et il est tombé par terre. Il a pris tout le monde par surprise. Le destin arrive comme ça. Ce n’est pas croyable. On est un peu déboussolés », a expliqué l’un de ses fils, Daniel Falardeau.
Pour Céline Michel, son oncle est un véritable héros. L’homme était aussi l’un des derniers vétérans de la guerre 39-45.
Décoré à de multiples reprises, il pouvait accrocher une 14e médaille à son tableau : celle de survivant officiel d’un virus si dévastateur pour les aînés.
Céline raconte qu’il avait menti sur son âge, en 1939, alors qu’il était âgé de 17 ans, afin de pouvoir s’enrôler dans l’armée canadienne et défendre son pays.
En Alaska, il a défendu les installations américaines contre les Japonais. Pilotant des bombardiers légers en Angleterre, il a fait face aux Allemands avant de rentrer sain et sauf au pays en 1945.
M. Falardeau était un ami de l’ancien maire de Québec, Gilles Lamontagne, également pilote durant la guerre.
FORT ET SOURIANT
Soixante-quinze ans plus tard, M. Falardeau habitait à la Maison Paul-Triquet, une résidence destinée aux anciens combattants.
Après le Jeffery Hale, le CHSLD Paul-Triquet est le deuxième établissement où le virus a fait le plus de dégâts dans la région de la Capitale-Nationale.
Au total, 15 personnes ont perdu la vie dans ce centre d’hébergement, mais M. Falardeau continuait de résister.
En raison de leur âge et des règles en vigueur, ses quatre enfants âgés de 59 à 73 ans ne l’avaient pas vu depuis longtemps. Leur père téléphonait chaque jour en début de soirée.
PLUTÔT PESSIMISTE
« Le 12 avril, lorsque ma cousine a annoncé qu’il était positif à la COVID-19, nous avons tout de suite su que ce serait un gros combat, peut-être même son dernier », explique Céline Michel.
La famille était alors plutôt pessimiste, mais une surprise les attendait.
La fièvre et la toux ont essayé de le mettre au tapis, mais le nonagénaire avait connu pire dans sa vie. Il croyait simplement avoir une grosse grippe.
Un troisième test plus tard, enfin négatif, les autorités ont confirmé sa guérison de la COVID-19. Dans son esprit, probablement que les Allemands étaient beaucoup plus dangereux.
VÉRITABLE COMBATTANT
« Il va bien. Il ne parle pas beaucoup, mais il mange des bonbons. Il tombe souvent, mais il ne demande jamais d’aide », avait précisé sa fille Thérèse, il y a quelques jours à peine.
« Non, il n’est pas prêt pour son dernier salut ! » disait Céline Michel. « L’an dernier, il a fait une crise cardiaque devant moi. Il combat tout ça et il passe au travers », avait ajouté son fils Daniel.
Le vaillant soldat est finalement décédé un peu après 10 h, lundi matin.