Le Journal de Montreal

Une femme abandonne la PCU pour devenir préposée aux bénéficiai­res

L’ex-mannequin se « sentait inutile » en voyant ce qui se passait dans les CHSLD

- CATHERINE BOUCHARD

Une femme de Trois-Rivières qui était tannée d’être payée à ne rien faire à la maison avec la PCU s’est retroussé les manches et a décidé de changer de carrière pour devenir préposée aux bénéficiai­res.

Marie-Ève Lavoie, 39 ans, a entendu l’appel du premier ministre, François Legault, pour aller prêter main-forte dans ce secteur, et a décidé de faire le grand saut.

Cela fait un peu plus de trois semaines qu’elle travaille à la Résidence Au Soleil Levant, à Bécancour, une résidence privée pour aînés où on ne dénombre encore aucun cas de COVID-19.

« Il y a un an, si quelqu’un m’avait dit que je serais préposée aux bénéficiai­res aujourd’hui, je lui aurais ri en pleine face », admet-elle.

En mars, elle a perdu son emploi à cause de la pandémie. Elle occupait un poste de coordonnat­rice des circuits et développem­ent des affaires chez Tours Amérique.

Auparavant, la mère de famille a été mannequin internatio­nal dans sa jeune vingtaine et elle a travaillé dans la vente, où elle gagnait un salaire « dans les six chiffres ».

« J’ai été coupée et, comme tout le monde, je recevais 2000 $ par mois [avec la Prestation canadienne d’urgence (PCU)], je restais à la maison et je m’occupais de mon petit garçon de 3 ans. Mais après six semaines, je n’étais juste plus capable de me sentir inutile et de voir ce qui se passait dans les CHSLD », explique-t-elle.

SA VIE A CHANGÉ

Mme Lavoie a donc postulé à plusieurs offres d’emplois et elle s’est tournée vers le privé, puisque le secteur public exige de l’expérience.

Sa vie a complèteme­nt changé depuis. Elle a découvert un métier difficile, mais tellement gratifiant.

« J’ai eu la piqûre, et je ne peux pas l’expliquer, lance-t-elle. Je suis partie d’un monde froid, basé sur la performanc­e, et là, j’arrive dans un monde humain. En trois semaines, j’ai déjà vécu des moments magiques qui resteront gravés à jamais dans ma mémoire. »

ELLE DEVRA VENDRE SA MAISON

Son nouvel emploi ne lui rapportant pas beaucoup plus que les 2000 $ du fédéral, elle devra vendre sa maison.

La mère de famille apprend aussi à jongler avec des horaires atypiques et les craintes de sa famille d’être contaminée par la COVID-19.

Mais malgré tout, elle n’a pas l’intention de retourner à son ancienne vie.

« Oui, on change des couches. Oui, on lave des gens. Mais ce n’est pas juste cela et c’est tellement plus. On s’occupe de leur bien-être de A à Z, fait-elle valoir. Je suis rendue là, dans ma vie. Ça change, je fais un métier humain. »

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1. et 2. Marie-Ève Lavoie a décidé de réorienter sa carrière comme préposée aux bénéficiai­res et travaille à la Résidence Au Soleil Levant, à Bécancour, depuis plus de trois semaines.
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PHOTOS COLLABORAT­ION SPÉCIALE ANDRÉANNE LEMIRE ET COURTOISIE 3. La femme de 39 ans était autrefois mannequin internatio­nale (photo) puis a travaillé dans la vente, où elle gagnait un salaire « dans les six chiffres », dit-elle.
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