Une femme abandonne la PCU pour devenir préposée aux bénéficiaires
L’ex-mannequin se « sentait inutile » en voyant ce qui se passait dans les CHSLD
Une femme de Trois-Rivières qui était tannée d’être payée à ne rien faire à la maison avec la PCU s’est retroussé les manches et a décidé de changer de carrière pour devenir préposée aux bénéficiaires.
Marie-Ève Lavoie, 39 ans, a entendu l’appel du premier ministre, François Legault, pour aller prêter main-forte dans ce secteur, et a décidé de faire le grand saut.
Cela fait un peu plus de trois semaines qu’elle travaille à la Résidence Au Soleil Levant, à Bécancour, une résidence privée pour aînés où on ne dénombre encore aucun cas de COVID-19.
« Il y a un an, si quelqu’un m’avait dit que je serais préposée aux bénéficiaires aujourd’hui, je lui aurais ri en pleine face », admet-elle.
En mars, elle a perdu son emploi à cause de la pandémie. Elle occupait un poste de coordonnatrice des circuits et développement des affaires chez Tours Amérique.
Auparavant, la mère de famille a été mannequin international dans sa jeune vingtaine et elle a travaillé dans la vente, où elle gagnait un salaire « dans les six chiffres ».
« J’ai été coupée et, comme tout le monde, je recevais 2000 $ par mois [avec la Prestation canadienne d’urgence (PCU)], je restais à la maison et je m’occupais de mon petit garçon de 3 ans. Mais après six semaines, je n’étais juste plus capable de me sentir inutile et de voir ce qui se passait dans les CHSLD », explique-t-elle.
SA VIE A CHANGÉ
Mme Lavoie a donc postulé à plusieurs offres d’emplois et elle s’est tournée vers le privé, puisque le secteur public exige de l’expérience.
Sa vie a complètement changé depuis. Elle a découvert un métier difficile, mais tellement gratifiant.
« J’ai eu la piqûre, et je ne peux pas l’expliquer, lance-t-elle. Je suis partie d’un monde froid, basé sur la performance, et là, j’arrive dans un monde humain. En trois semaines, j’ai déjà vécu des moments magiques qui resteront gravés à jamais dans ma mémoire. »
ELLE DEVRA VENDRE SA MAISON
Son nouvel emploi ne lui rapportant pas beaucoup plus que les 2000 $ du fédéral, elle devra vendre sa maison.
La mère de famille apprend aussi à jongler avec des horaires atypiques et les craintes de sa famille d’être contaminée par la COVID-19.
Mais malgré tout, elle n’a pas l’intention de retourner à son ancienne vie.
« Oui, on change des couches. Oui, on lave des gens. Mais ce n’est pas juste cela et c’est tellement plus. On s’occupe de leur bien-être de A à Z, fait-elle valoir. Je suis rendue là, dans ma vie. Ça change, je fais un métier humain. »